Delphine Allaire résume ainsi le message du Pape lors de la cérémonie à l’issue de la messe de Pâques célébrée par le Pape François en présence de 150 fidèles en la basilique saint-Pierre, le Souverain pontife a donné sa bénédiction « Urbi et Orbi », à la Ville et au monde, devant l’autel de la Chaire de saint Pierre, dimanche 4 avril 2021.
Un message de soutien spirituel aux plus fragiles qui souffrent de la crise mondiale
«L’annonce de Pâques ne montre pas un mirage, elle ne révèle pas une formule magique, elle n’indique pas une échappatoire face à la situation difficile que nous traversons». En ces termes, le Pape François a inauguré son message à la Ville et au monde en ce jour de Pâques 2021, point culminant de l’année liturgique, dans une atmosphère encore une fois très particulière cette année.
La pandémie est encore en cours, et la crise sociale et économique est très lourde, en particulier pour les plus pauvres, a rappelé François, qui s’est dit scandalisé par le fait que «les conflits armés ne cessent pas et les arsenaux militaires se renforcent». «C’est le scandale d’aujourd’hui», a-t-il répété.
Le crucifié est ressuscité
Au milieu de cette réalité complexe, a relevé le Saint-Père, l’annonce de Pâques renferme en quelques mots un événement qui donne l’espérance qui ne déçoit pas: «Jésus, le crucifié, est ressuscité».
Et le Successeur de Pierre de préciser: «Cette annonce de Pâques ne parle pas d’anges ou de fantômes, mais d’un homme, un homme en chair et en os, avec un visage et un nom : Jésus. Le crucifié, pas un autre, est ressuscité.»
Et les témoins de cette résurrection rapportent d’ailleurs un détail important: Jésus ressuscité porte gravées les plaies des mains, des pieds et du côté. «Ces plaies sont le sceau éternel de son amour pour nous. Quiconque souffre une dure épreuve, dans son corps et dans son esprit, peut trouver refuge dans ces blessures, recevoir à travers elles la grâce de l’espérance qui ne déçoit pas», a assuré le Saint-Père, avant de détailler les espérances du Christ pour diverses catégories de personnes, comme «ceux qui souffrent encore à cause de la pandémie, les malades et ceux qui ont perdu une personne chère».
«Pour un internationalisme des vaccins»
Le Pape a ensuite invoqué le réconfort du Seigneur pour «les efforts des médecins et des infirmiers», pour «les personnes les plus fragiles, qui ont besoin d’assistance et ont le droit d’avoir accès aux soins nécessaires». Avant de lancer un appel au partage équitable des vaccins: «Dans l’esprit d’un “internationalisme des vaccins”, j’exhorte donc toute la Communauté internationale à un engagement partagé afin de surmonter les retards dans leur distribution et en favoriser le partage, en particulier avec les pays les plus pauvres».
Crise sociale et économique
Et le Pape de poursuivre sur la sévère crise socio-économique des temps présents: «Le Crucifié ressuscité est un réconfort pour ceux qui ont perdu leur travail ou traversent de graves difficultés économiques et qui sont privés de protections sociales adéquates. Que le Seigneur inspire l’action des autorités publiques afin qu’à tous, en particulier aux familles les plus nécessiteuses, soient offertes les aides nécessaires à une subsistance suffisante.»
Au cher peuple d’Haïti
«Il faut que les pauvres de toute sorte se reprennent à espérer», disait saint Jean-Paul II lors de son voyage à Haïti, cité par le Pape François. Et c’est justement vers «le cher peuple haïtien» que la pensée et les encouragements du Primat d’Italie se sont tournés en premier en ce jour, «pour qu’il ne soit pas vaincu par les difficultés mais qu’il regarde vers l’avenir avec confiance et espérance».
Aux jeunes du monde et de Birmanie
«Jésus ressuscité est l’espérance aussi pour de nombreux jeunes qui ont été contraints de passer de longues périodes sans aller à l’école ou à l’université ni partager le temps avec leurs amis», a continué le Pape, assurant combien nous avons tous besoin de vivre des relations humaines réelles et pas seulement virtuelles. «Je suis proche des jeunes du monde entier et, en ce moment, en particulier de ceux de Birmanie, qui s’engagent pour la démocratie en faisant entendre pacifiquement leur voix, conscients que la haine ne peut être éliminée que par l’amour», a ajouté François qui suit de très près la situation politico-militaire dans ce pays qu’il avait visité en 2017.
Les migrants et ceux qui leur viennent en aide
Que la lumière du Ressuscité soit source de renaissance pour les migrants fuyant la guerre et la misère, a espéré le Pape. «Sur leurs visages, reconnaissons le visage défiguré et souffrant du Seigneur qui monte au Calvaire». François a remercié ainsi les pays qui accueillent avec générosité ceux qui souffrent et cherchent refuge, «en particulier le Liban et la Jordanie qui accueillent de très nombreux réfugiés ayant fui le conflit syrien».
Pour le Liban et la Syrie
«Que le peuple libanais, qui traverse une période de difficultés et d’incertitudes, fasse l’expérience de la consolation du Seigneur ressuscité et soit soutenu par la Communauté internationale dans sa vocation d’être une terre de rencontre, de coexistence et de pluralisme», a soutenu le Souverain pontife, souhaitant également la paix dans «la bien-aimée et martyrisée Syrie, où des millions de personnes vivent désormais dans des conditions inhumaines», ainsi qu’au Yémen «dont les événements sont entourés d’un silence assourdissant et scandaleux», et en Libye «où l’on entrevoit enfin la sortie d’une décennie de disputes et d’affrontements sanglants».
Pour le Moyen-Orient et l’Afrique
Le Pape a ensuite tourné ses pensées naturellement vers Jérusalem, appelant Israéliens et Palestiniens à retrouver la force du dialogue pour une solution stable à deux États, de même que vers l’Irak, pays visité le mois dernier, pour lequel le Pape prie pour que «puisse continuer le chemin de pacification entrepris».
François a invoqué «la force du Ressuscité» pour les populations africaines qui voient leur avenir compromis par des violences internes et par le terrorisme international, en particulier au Sahel et au Nigeria, ainsi que dans la région du Tigré et de Cabo Delgado.
Vaincre la mentalité de guerre
«Il y a encore trop de guerres et trop de violence dans le monde!», s’est enfin indigné le Saint-Père, appelant le Seigneur à nous aider «à vaincre la mentalité de la guerre». François a aussi prié pour les prisonniers de guerre, particulièrement en Ukraine orientale et dans le Haut-Karabakh, avant de rappeler, ce 4 avril, Journée mondiale de lutte contre les mines antipersonnel, combien ces «sournois et horribles engins qui tuent ou mutilent chaque année de nombreuses personnes innocentes, empêchent l’humanité de marcher ensemble sur les chemins de la vie». «Comme un monde sans ces instruments de mort serait meilleur!», s’est-il exclamé.
Pour la fin des restrictions sanitaires aux cultes
Enfin, le Pape François a appelé les gouvernements à supprimer les restrictions d’accès au culte à cause de la pandémie. «Prions pour que ces restrictions, comme toute restriction à la liberté de culte et de religion dans le monde, puissent être supprimées et que chacun soit autorisé à prier et à louer Dieu librement.»
«À la lumière du Ressuscité, nos souffrances sont transfigurées. Là où il y avait mort, il y a maintenant vie, là où il y avait deuil, il y a maintenant consolation. Et maintenant prions pour que les effets bénéfiques de cette guérison s’étendent à travers le monde entier. Joyeuses Pâques à tous!», a conclu le Successeur de Pierre, avant de donner sa bénédiction Urbi et Orbi.