Le système discriminatoire de tutelle masculine au Qatar prive les femmes du droit de prendre librement leurs décisions dans des domaines clés de leur vie.
Un rapport de Human Rights Watch publié le 29 mars 2021
Human Rights Watch a constaté qu’au Qatar, les femmes doivent obtenir la permission de leur tuteur masculin pour se marier, pour faire des études à l’étranger à l’aide de bourses du gouvernement, pour travailler dans de nombreux secteurs de la fonction publique, pour voyager à l’étranger jusqu’à un certain âge et pour recevoir certains soins médicaux dans le domaine reproductif.
Ce système discriminatoire empêche également les femmes d’être le principal titulaire de l’autorité parentale sur leurs enfants, même lorsqu’elles ont divorcé et qu’elles en ont la garde.
Ces restrictions constituent des violations de la constitution du Qatar et du droit international.
« Les femmes au Qatar ont réussi à renverser des barrières et obtenu des progrès significatifs dans des domaines comme l’éducation, mais elles sont toujours obligées d’observer les règles de la tutelle masculine, qui sont appliquées par l’État et limitent leur capacité de mener une vie accomplie, productive et indépendante », a déclaré Rothna Begum, chercheuse senior auprès de la division Droits des femmes à Human Rights Watch. « Le système de tutelle renforce le pouvoir de contrôle des hommes sur la vie et sur les décisions des femmes, et est susceptible d’encourager ou d’alimenter des violences, laissant aux femmes peu d’options réalistes pour échapper aux abus pouvant être commis par leurs familles et leurs maris. »
Les conclusions de Human Rights Watch se fondent sur l’examen de 27 lois, de règlements, de politiques, de formulaires et d’échanges de communications écrites avec le gouvernement, ainsi que sur 73 entretiens, notamment 50 discussions approfondies avec des femmes affectées par ce système. Dans des communications écrites datées de février et de mars 2021, des représentants du gouvernement ont confirmé nombre de ces conclusions et en ont contesté d’autres, malgré l’apport par Human Rights Watch de preuves du contraire.
Ce rapport de 94 pages, intitulé « ‘Everything I Have to Do is Tied to a Man’: Women and Qatar’s Male Guardianship Rules » (« ‘Tout ce que je fais nécessite l’accord d’un homme’ : Les femmes et les règles de la tutelle masculine au Qatar »), analyse les règles officielles de la tutelle masculine et leur mise en pratique.