La consommation de drogues chez les personnes âgées dans le monde a augmenté ces dernières années et les pays doivent agir pour lutter contre cette « épidémie cachée », a déclaré jeudi l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) lors de la publication de son rapport annuel.
ONU 25 mars 2021
« La pandémie (de Covid-19) a causé de grands dommages à la santé et au bien-être des personnes âgées. Cependant, il existe également une épidémie cachée de consommation de drogues qui touche ce groupe de population », a déclaré le président de l’OICS, Cornelis de Joncheere.
« La consommation de drogues et les décès liés à la drogue chez les personnes âgées sont en augmentation, tout comme le nombre de personnes âgées en traitement pour des problèmes de consommation de drogues », a-t-il précisé.
L’organe d’experts indépendants a également souligné l’impact négatif de la pandémie de Covid-19 sur l’approvisionnement mondial en médicaments et sur le bien-être des personnes souffrant de troubles de la santé mentale et de toxicomanie.
Une tendance alarmante
Le vieillissement de la population mondiale s’accompagne d’une augmentation de la consommation de drogues chez les personnes de plus de 65 ans, signale l’OICS.
Le rapport fait état d’une augmentation de la consommation d’analgésiques, de tranquillisants et de sédatifs parmi cette population. Les personnes âgées ayant des problèmes de toxicomanie sont également confrontées à des problèmes particuliers liés à l’âge, notamment l’isolement ou les difficultés physiques.
Pour inverser cette « tendance alarmante », l’OICS recommande aux gouvernements d’intensifier les recherches sur la consommation de drogues chez les personnes âgées, qui sont largement négligées dans les enquêtes sur la consommation de drogues, ainsi que d’améliorer l’accès aux services de santé et de traitement qui leur sont destinés.
L’accès aux traitements
Entre-temps, la demande de certains médicaments sous contrôle a augmenté pendant la pandémie de Covid-19, qui a également provoqué des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement mondiales.
Les services de santé et l’accès aux médicaments, notamment pour les personnes souffrant de troubles mentaux et de toxicomanie, ont été affectés.
L’OICS a souligné que les gouvernements doivent veiller à ce que ces populations aient un accès continu aux services de prévention et de traitement pendant la crise mondiale.
La demande croissante de produits thérapeutiques contre la Covid-19 réduit davantage la disponibilité de certains médicaments contenant des substances placées sous contrôle. Les pays sont instamment invités à revoir leurs prévisions de demande de ces traitements et à rationaliser les exigences administratives et logistiques.
Nouveau commerce de médicaments en ligne
L’OICS a fait état d’autres effets secondaires de la pandémie, tels que la croissance du commerce de drogues en ligne par le biais de communications cryptées par des groupes criminels organisés.
Les consommateurs de drogues utilisent également le « dark web », les médias sociaux et les forums en ligne pour se procurer des substances illicites.
Les restrictions de voyage et les mesures de distanciation physique ont également entraîné des pénuries de certains médicaments et une hausse des prix sur le marché illicite.
Dans le même temps, les taux de surdose ont augmenté en raison de la diminution de la pureté des stocks de drogues illicites et de l’utilisation du fentanyl, un opioïde synthétique.
En Afghanistan, la détérioration de la situation du contrôle des drogues demeure préoccupante. Le pays a représenté près de 85% de la production mondiale d’opium au cours des cinq dernières années et la production illicite est restée élevée en 2019.
L’OICS a exhorté la communauté internationale à fournir une assistance technique et financière pour soutenir les efforts de contrôle des drogues dans ce pays.
« Si la culture et la production illicites de drogues, le trafic de drogues, la consommation de drogues et les troubles liés à la consommation de drogues en Afghanistan ne sont pas traités de manière globale, les efforts plus larges en matière de développement durable, de prospérité et de paix en Afghanistan ont peu de chances d’être efficaces », a averti M. de Joncheere.