Cette victoire provisoire ne suffit pas aux agriculteurs, ils exigent la suppressions de ces lois libéralisant les marchés agricoles.
Le premier ministre Modi joue avec le feu
Malgré l’investissement massif du gouvernement indien durant les années 1968-1978, aujourd’hui son implication dans le domaine agricole est faible, pour ne pas dire nul. Ainsi, le mode de vie précaire des fermiers, qui est à la merci des saisons et des conditions météorologiques, leur offre peu d’alternatives. Souvent, les banques ne veulent pas leur faire de prêts. Ils doivent ainsi faire appel à des prêteurs privés aux taux d’intérêt trop élevés.
Depuis le milieu des années 1990, l’Inde a accru son PIB par habitant de plus de 5 % par an, divisé par deux l’incidence de la pauvreté et notablement réduit la sous-alimentation. Elle fait partie des économies du G20 qui croissent le plus vite, en grande partie sous l’effet du programme de réformes lancé en 2014. Entrée dans le club des grands exportateurs de plusieurs produits agricoles de base, elle diversifie par ailleurs sa production, privilégiant les légumineuses, les fruits, les légumes et les produits d’élevage, à la valeur élevée.
Ce qui a mis le feu aux poudres sont les textes libéralisant les relations entre producteurs et acheteurs, en laissant notamment entrevoir la fin prochaine des tarifs minimaux garantis par l’État.
Certes, alors que des dizaines de milliers d’agriculteurs occupent depuis le 26 novembre les principales autoroutes donnant accès à la capitale, Delhi, la justice “bloque la mise en œuvre de la réforme” incriminée, adoptée au Parlement en septembre 2020 et aussitôt entrée en vigueur. Toutefois, cette victoire provisoire ne suffit pas aux agriculteurs, ils exigent la suppressions de ces lois libéralisant les marchés agricoles.
Pour protester contre les coupures d’Internet imposées par les autorités sur les campements et maintenir la pression sur le gouvernement, les syndicats ont décidé d’organiser, ce samedi 6 février 2021, le blocage de routes stratégiques un peu partout dans le pays, au Pendjab, dans l’Haryana, en Uttarakhand et dans le Sud.
Le premier ministre Modi joue avec le feu pour faire plaisir à quelques milliardaires indiens où internationaux. Chacun se souvient qu’en Inde plus de la moitié la population dépend directement ou indirectement de l’agriculture. Or, Modi risque de fragiliser encore plus cette frange de la population en la livrant encore plus aux financiers.