Reporters sans frontières (RSF) porte plainte contre le préfet Didier Lallement suite aux violences policières commises sur des journalistes lors d’une opération d’évacuation de migrants place de la République à Paris le 23 novembre dernier.
Violations graves de la liberté d’informer
Le 23 novembre, lors de l’évacuation de migrants qui s’étaient installés place de la République à Paris, plusieurs journalistes et photographes ont fait l’objet de violences injustifiées de la part des forces de l’ordre. Ces violations graves de la liberté d’informer ont conduit RSF à déposer plainte auprès du parquet de Paris et à demander une enquête sur les violences commises notamment contre trois journalistes qui ont été brutalisés, ont subi des coups ou ont été visés par des tirs de grenade.
Le journaliste de Brut, Rémy Buisine a été brutalisé trois fois dans la même soirée par le même policier. Pris à la gorge une première fois, il a été violemment poussé puis molesté et piétiné alors qu’il se trouvait au sol. Suite à ces violences il crie à l’adresse des policiers « c’est la troisième fois qu’il me frappe depuis tout à l’heure, on veut juste travailler ! », ce à quoi il lui est répondu « jamais deux sans trois ».
Le photojournaliste indépendant Guillaume Herbaut, appareil photo en main et brassard presse bien visible, a été délibérément visé par un tir de grenade de désencerclement qui a explosé à ses pieds, alors qu’il suivait les policiers à 30 mètres de distance. Sonné et assourdi, souffrant d’acouphènes, le photographe a demandé des explications au policier qui avait tiré, lequel lui a répondu « vous n’avez rien à faire là ».
Un autre photographe, Florent Bardos, membre de l’agence Hans Lucas a reçu sans aucune raison un coup de matraque sur le crâne, alors qu’il était clairement identifiable comme journaliste, qu’il n’entravait ni ne constituait une menace pour les policiers et qu’il était en dehors de la nasse mise en place par les forces de l’ordre. Sonné et le crâne en sang, il a dû appeler les pompiers et cesser de couvrir les évènements.
“Le préfet de Paris Didier Lallement est directement responsable des opérations et du comportement des forces de l’ordre à Paris, explique Christophe Deloire, secrétaire général de RSF. Une enquête permettra de déterminer la réalité des instructions qu’il a données notamment concernant la sécurité des journalistes présents le 23 novembre sur la place de la République. Alors que les violences policières contre les journalistes se multiplient et que les opérations de maintien de l’ordre sont aujourd’hui quasi systématiquement émaillées de violations de la liberté de la presse, la justice doit examiner ces faits afin de poursuivre et condamner ceux qui en sont responsables.”
RSF avait déjà déposé plainte en décembre 2019, aux côtés de 13 journalistes victimes de violences policières dans les manifestations des gilets jaunes. La plainte déposée ce soir auprès du parquet de Paris a été rédigée par les avocats du cabinet Vigo.
La France est à la 34e place du Classement mondial de la liberté de la presse 2020 établi par RSF.