Conflit et peur

Chapitre 1, les ombres d’un monde fermé, sous chapitres 25 à 28 de l’encyclique du Pape François, Fratelli tutti.

Une troisième guerre mondiale par morceaux

Les guerres, les violences, les persécutions pour des raisons raciales ou religieuses, et tant d’atteintes à la dignité humaine sont vues de différentes manières selon qu’elles conviennent ou non à certains intérêts, fondamentalement économiques. Ce qui est vrai quand cela convient à une personne puissante cesse de l’être quand cela ne lui profite pas. Ces situations de violence se multiplient « douloureusement en de nombreuses régions du monde, au point de prendre les traits de ce qu’on pourrait appeler une ‘‘troisième guerre mondiale par morceaux’’».

Cela n’est pas surprenant si nous considérons l’absence d’horizons à même de nous unir, car ce qui tombe en ruine dans toute guerre, c’est « le projet même de fraternité inscrit dans la vocation de la famille humaine » ; c’est pourquoi « toute situation de menace alimente le manque de confiance et le repli sur soi ».

Ainsi, notre monde progresse dans une dichotomie privée de sens, avec la prétention de « garantir la stabilité et la paix sur la base d’une fausse sécurité soutenue par une mentalité de crainte et de méfiance »

Paradoxalement, certaines peurs ancestrales n’ont pas été surmontées par le développement technologique ; au contraire, elles ont su se cacher et se renforcer derrière les nouvelles technologies.

Aujourd’hui encore, derrière la muraille de la ville antique se trouve l’abîme, le territoire de l’inconnu, le désert. Ce qui en résulte n’inspire pas confiance, car c’est une chose inconnue qui n’est pas familière, qui n’a pas droit de cité. C’est le territoire du ‘‘barbare’’ dont il faut se défendre à tout prix. Par conséquent, de nouvelles barrières sont créées pour l’auto-préservation, de sorte que le monde cesse d’exister et que seul existe ‘‘mon’’ monde, au point que beaucoup de personnes cessent d’être considérées comme des êtres humains ayant une dignité inaliénable et deviennent seulement ‘‘eux’’. Réapparaît « la tentation de créer une culture de murs, d’élever des murs, des murs dans le cœur, des murs érigés sur la terre pour éviter cette rencontre avec d’autres cultures, avec d’autres personnes. Et quiconque élève un mur, quiconque construit un mur, finira par être un esclave dans les murs qu’il a construits, privé d’horizons. Il lui manque, en effet, l’altérité ».

La solitude, les peurs et l’insécurité de tant de personnes qui se sentent abandonnées par le système, créent un terrain fertile pour les groupes mafieux. Ils s’affirment, en effet, en se présentant comme les ‘‘protecteurs’’ des oubliés, souvent grâce à diverses aides, alors qu’ils poursuivent leurs intérêts criminels. Il existe une pédagogie typiquement mafieuse qui, avec une fausse mystique communautaire, crée des liens de dépendance et de subordination dont il est très difficile de se libérer.

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Des droits humains pas assez universels