Il aura fallu attendre 1968 pour que le rêve d’un logement et plus encore soit ouverts aux minorités dans les banlieues des grandes villes américaines.
La ségrégation raciale ébréchée
Les banlieues nord-américaines, longtemps décrites comme des lieux riches et ethniquement peu divers, connaissent depuis deux décennies une lente mais profonde transformation dont les manifestations les plus vives sont la densification du bâti et la diversification croissante des populations résidentes.
Fuir la ville et toutes les menaces qu’elle représente, trouver un endroit paisible où élever sa famille, repartir à neuf, faire table-rase, voilà l’idée de pureté, au plan tant moral que physique, qui soutient la venue en banlieue. Cependant toute une partie de la population américaine n’a pas eu accès aux suburbs pendant longtemps.
Les banlieues deviennent vite des symboles de ségrégation urbaine : les populations aisées et souvent blanches se concentrent dans les suburbs pendant que les populations précaires, et souvent de couleur, investissent les “inner cities”, ces quartiers pauvres en centre-ville.
Il aura fallu attendre 1968 pour que le rêve d’un logement et plus encore soit ouverts aux minorités dans les banlieues des grandes villes américaines.
C’est le Civil Rights Act de 1968 qui ouvre les portes des suburbs aux USA. Il s’appuie sur le Civil Rights Act de 1866, et sur de nombreuses lois comme la loi du Chicago Open Housing Movement en 1966 ou le Rumford Fair Housing Act de Californie en 1963.
Le Civil Rights Act sera adopté le 10 avril 1968 et promulgué le 11 avril 1968, une semaine après la mort de Martin Luther King et les troubles à travers le pays qui se déclarent par la suite.
La ségrégation raciale fut ainsi ébréchée. Aujourd’hui, près de la moitié des 58 métropoles américaines sont habitées en majorité par des populations de couleur et des minorités ethniques : la population blanche a diminué de moitié depuis le début des années 2000.
Les hommes politiques américains sont-ils réellement conscients de ses changements ?
Dans un tweet publié le 23 juillet 2020 Trump en appelle aux “femmes au foyer” habitantes des banlieues de voter pour lui, sous prétexte que Joe Biden s’apprête à “détruire leur rêve américain”.