Accélération du durcissement du capitalisme

Le choc sanitaire dû au Covid-19 précipite la restructuration de certains secteurs de l’économie et impacte le capitalisme. L’État doit assumer pleinement son rôle dans un pays comme la France à la lumière des sommes considérables injectées dans l’économie.

Covid-19, un accélérateur de l’histoire

Dans un livre coécrit avec Olivier Pastré à paraître chez Fayard, l’économiste Patrick Artus donne sa vision du devenir du capitalisme tenant compte en particulier de la pandémie du Covid-19.

« Avant mars dernier, Airbus était l’entreprise emblématique de l’Europe, on admirait sa réussite. Elle symbolise aujourd’hui la violence du choc que l’on vient de subir et se débat dans les pires difficultés. Qui l’eût cru ? » « On est en droit de se demander si la pandémie n’a pas donné un coup d’accélérateur à des mutations qui avaient déjà commencé avant sa survenue. »

Il y a quelques jours, Khaldoon Al Mubarak, PDG de Mubadala participait au Global Manufacturing and Industrialisation Summit, il expliquait comment Covid-19 impacte la stratégie des grands groupes mondiaux. « Même avant la pandémie, Mubadala augmentait progressivement ses investissements dans les énergies renouvelables, le stockage d’énergie, la mobilité, l’automatisation, la robotique, l’intelligence artificielle et la connectivité. L’épidémie de Covid-19 a prouvé que s’éloigner de l’investissement traditionnel était correct et Mubadala est sur la bonne voie, a déclaré M. Al Mubarak»

Quelles seront les conséquences de la pandémie sur l’économie mondiale

Le choc sanitaire dû au Covid-19 précipite la restructuration de certains secteurs de l’économie et impacte le capitalisme. Un durcissement du capitalisme est à venir.

Patrick Artus dans son livre coécrit avec Olivier Pastré à paraître chez Fayard explique : « … Que croyez-vous que les entreprises confrontées à la perte de leur activité, au recul de leurs parts de marché, à la chute de leur profitabilité vont faire ? Elles vont avoir une réaction forte qui passera par des plans d’économies, des suppressions d’emplois, des baisses de salaires, des délocalisations encore plus massives. Je suis convaincu, pour ma part, que le capitalisme néolibéral que l’on critique tant va se durcir encore davantage dans les années qui viennent sous l’empire de la nécessité. »

A Worldnewsmedias.com nous pensons qu’un État comme la France doit apporter une réponse pour que les intérêts collectifs de ses citoyens ne soient pas diminués. En particulier la problématique de l’emploi devient une nécessité absolue.

Entre fin mars et fin juin 2020, l’emploi salarié chute de 0,9 %, soit 215 200 destructions nettes d’emplois après −2,0 % (−499 700 emplois) au trimestre précédent. Il retrouve ainsi fin juin 2020 un niveau comparable à celui de fin mars 2017.

Pour la réflexion de nos lecteurs rappelons-nous le livre de Michal Kalecki publié en 1943 et intitulé « Political Aspects of Full Employment » (Political Quarterly, 4). Michal Kalecki affirme que les capitalistes n’ont pas intérêt au plein emploi, du fait des changements politiques et sociaux qu’il induit.

Le patron des patrons français Roux de Bézieux

Or, en cas de durcissement du capitalisme, on peut parier que l’emploi va en payer le prix mettant à mal l’élément numéro un du programme présidentiel d’Emmanuel Macron. Les propos tenus par le patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, qui a réitéré mercredi 26 août son appel à rouvrir le débat sur le temps de travail, après avoir déjà suscité un tollé en évoquant ce sujet durant le confinement, rassemble fort à une provocation au moment où tant de salariés se sentent menacés à cause de la crise sanitaire.

Macron devra choisir et utiliser le Covid-19 comment élément révolutionnaire et revoir la structuration de l’économie française. L’État doit assumer pleinement son rôle dans un pays comme la France à la lumière des sommes considérables injectées dans l’économie.