En juin 2020, l’activité économique aurait comblé les trois cinquièmes de l’écart qui la séparait, au creux du confinement, de son niveau d’avant crise.
Mais l’incertitude pour les mois à venir demeure
L’INSEE, ce matin publie un « Point de conjoncture du 8 juillet ». Il y a un réel espoir pour un retour à une économie « normale » sous réserve que Covid-19 ne revienne pas en force.
Quelle forme a pris, prend et prendra la reprise économique ? Le caractère très singulier de la crise actuelle ne se prête pas aisément à un résumé sous forme de lettre de l’alphabet ou d’autre signe. Cette figure serait du reste très dissymétrique, car la chute de l’économie a été quasi instantanée, coïncidant avec la mise en place du confinement strict de la population. Le déconfinement est quant à lui plus graduel et la levée programmée le 11 juillet de l’état d’urgence sanitaire ne signifie pas la fin des protocoles sanitaires visant à endiguer la propagation du virus.
Près de deux mois après le début du déconfinement entamé le 11 mai, l’économie française s’est redressée assez nettement. En juin, l’activité économique aurait comblé les trois cinquièmes de l’écart qui la séparait, au creux du confinement, de son niveau d’avant crise. La consommation des ménages ne serait quant à elle plus qu’à 3 points de pourcentage de son niveau « normal ». On peut certes qualifier ce rebond de « technique », mais ce résultat n’allait pas forcément de soi il y a deux mois : l’incertitude qui entourait le déconfinement était considérable, tant sur le plan sanitaire que sur le plan économique. Rien n’était acquis à l’avance, ni la maîtrise de l’épidémie, ni la capacité des entreprises à se réorganiser pour respecter les protocoles sanitaires, ni le comportement de consommation des ménages face à de fortes craintes pour leur santé et pour leur avenir économique.
Au total, sur l’ensemble du deuxième trimestre, le PIB aurait chuté de 17 % par rapport au premier (après – 5,3 %).
Cette estimation est inchangée par rapport à celle présentée dans le précédent Point de conjoncture du 17 juin, mais elle reste susceptible d’être révisée. Elle pourra l’être fin juillet, quand l’Insee publiera la première estimation des comptes nationaux pour ce trimestre. En effet, ce deuxième trimestre 2020 combine de manière inédite des semaines de confinement puis de déconfinement, et l’estimation « en direct » de la trajectoire de reprise est un exercice au moins aussi acrobatique que le chiffrage, en mars, de la perte d’activité économique liée au confinement.
Au-delà du deuxième trimestre, comment se profile la seconde moitié de l’année 2020 ?
Les enquêtes de conjoncture de l’Insee fournissent des informations sur les anticipations des entreprises pour les trois prochains mois. Sans surprise, les perspectives de production se redressent très nettement : la vigueur de ce rebond tient beaucoup à la faiblesse du point de départ, c’est-à-dire de l’activité économique en période de confinement. Cependant les carnets de commandes, en particulier à l’international, demeurent jugés peu garnis par les entreprises industrielles, ce qui n’augure pas d’un retour immédiat à la normale.
L’enquête Acemo-Covid, menée par la Dares en lien avec l’Insee, apporte quant à elle des précisions sur ces délais de retour à la normale, tels que les anticipent les entreprises. En s’appuyant sur les réponses collectées en juin, nous estimons que l’activité en décembre 2020 pourrait être entre 1 % et 6 % en deçà de son niveau d’avant crise : ces chiffres sont significatifs, et l’ampleur de l’intervalle témoigne de l’incertitude qui pèse encore aujourd’hui, mais ils sont sans commune mesure avec la perte d’activité connue au printemps.
En considérant une hypothèse médiane, le PIB rebondirait d’environ 19 % au troisième trimestre par rapport au deuxième, puis de 3 % au quatrième. Sur l’ensemble de l’année 2020, il diminuerait alors d’environ 9 % par rapport à 2019.
Cette estimation est bien sûr soumise à beaucoup d’incertitudes, liées avant tout à la situation sanitaire en France et dans le monde. En particulier, une éventuelle deuxième vague épidémique sur le territoire national viendrait nécessairement freiner la reprise, même si l’on peut espérer une cohabitation entre le virus et l’activité économique un peu moins difficile qu’au printemps, grâce à l’expérience accumulée tout au long de cette première vague.
La chute de l’activité économique a été très lourde pendant le confinement, mais elle a été « volontaire » – il s’agissait de stopper l’épidémie devenue trop virulente. Des mesures de grande ampleur ont été adoptées pour limiter l’impact de cette chute d’activité : en particulier, les revenus de la plupart des ménages ont été relativement préservés, conduisant à une épargne forcée de nature à soutenir la consommation.
Depuis mai, les premières marches de la reprise ont ainsi pu être gravies assez rapidement, peut-être plus que prévu. Ce sont les dernières qui risquent d’être les plus difficiles, concernant surtout les secteurs les plus touchés par la crise, et alors que les inquiétudes restent vives au sujet du commerce mondial, l’épidémie restant très active dans nombre de pays.
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