Lorsqu’il n’y a pas de grain moudre, il n‘y a pas de négociation tout au plus une concertation. Le gouvernement français et le président de la république n’attendent rien des syndicats, sinon un accompagnement dangereux concernant la retraite à points.
La CFDT, faire valoir d’un gouvernement à la dérive et pour rien
Emmanuel Macron avait prévenu : il préfère que les syndicats restent bien à leur place, c’est-à-dire dans l’entreprise. « Je souhaite un syndicalisme moins politique. On a besoin de corps intermédiaires mais à la bonne place », expliquait ainsi le candidat à la présidentielle de 2017.
La Confédération démocratique du Travail (CFDT) a dans ses gènes la notion d’association capital travail. CFTC à son origine, puisant ses racines dans la doctrine sociale de l’Église, elle se déconfessionnalise et après des soubresauts politiques, elle exclue les membres d’extrême gauche qui un temps ont essayé de peser en son sein. Depuis elle se dit réformiste !
Cette organisation pourrait correspondre à la vision de Macron, à plusieurs reprises, son secrétaire général Laurent Berger a tendu la main au président français et à son premier ministre, sans succès. Berger déclarait récemment : « La relation est empreinte de « défiance », ils ont théorisé que les corps intermédiaires étaient des empêcheurs et pas des leviers pour la démocratie ».
Pourtant, dans l’affaire de la retraite par points, le gouvernement, au vu de la crise en cours, a été contraint de faire appel aux services de Laurent Berger, en particulier en gesticulant sur le « fameux âge pivot ». Tout le monde a bien compris que cet âge pivot, sous une autre appellation, pèsera sur l’équilibre financier du régime universel par points qui sera mis en place. Berger a eu le malheur de se vanter de la suppression de cet âge pivot, demandant la fin du conflit. Depuis pour certains grévistes, il est devenu l’ennemi numéro un au même niveau que Macron.
La problématique est connue : il ne faut pas confondre réformisme et accompagnement. A l’époque ou votre serviteur militait aux côtés d’André Bergeron, secrétaire général de Force Ouvrière, celui-ci me disait : « Lorsqu’il n’y a pas de grain moudre, il n‘y a pas de négociation tout au plus une concertation. »
La CFDT, en jouant le faire valoir d’un gouvernement à la dérive, un gouvernement tenu par le Medef qui lui a envoyé de nombreux DRH dans ses rangs, prend des risques inconsidérés. Selon Macron, il n’y aura pas de négociation, au niveau national il pense que ce n’est pas le rôle des syndicats.
Alors que la lutte syndicale est contrainte de se muscler pour se faire entendre, le comportement du sommet de la CFDT contribue à la division du monde du travail et alimente la colère qui tôt ou tard se transformera en violence
L’amateurisme du gouvernement et de ceux qui l’accompagnent n’a pas de limites, faire croire que projet de loi instituant un régime universel à points et la mise en place d’une nouvelle organisation va améliorer le sort des français, est une véritable provocation et nous promet des jours douloureux.