Depuis 2010 la CFDT revendique un régime universel à points, elle avait vendu cette idée à Emmanuel Macron, candidat à la présidentielle de 2017, mais celui-ci n’avait pas imaginé à quel point cette revendication était problématique.
Les deux CGT contre la CFDT, bloc contre bloc
Lors de la campagne présidentielle de 2017, la CFDT, en utilisant ses réseaux, avait réussi à convaincre l’entourage de Macron qu’une des solutions possibles pour résoudre le problème récurrent des retraites était de faire une modification systémique des régimes de retraites pour les transformer en un régime universel.
Ayant besoin de soutiens, Macron candidat mit dans son programme, un régime universel à points, sans en appréhender tous les considérant.
Par le jeu de la campagne électorale, il indiquât que cette réforme était un élément clé de son quinquennat mais n’en comprenant pas toutes les subtilités. Une fois élu, Il chargeât Delevoye de lui faire un rapport large, avant éventuellement de mettre en œuvre cette modification fondamentale des retraites.
Jean Paul Delevoye ouvrit une large concertation avec les syndicats, mais très rapidement, il comprit que seule la CFDT souhaitait véritablement cette modification systémique. Il comprit aussi qu’il aurait contre lui les « deux Cgt, » CGT et CGTFO, mais l’affaire était engagée.
Bercy ayant saisi à quel point il pouvait peser à terme sur les centaines de milliards du « pot des retraites » et la possibilité de « reprendre » tout ou partie des excédents des régimes bénéficiaires, environ 150 milliards, s’impliquât fortement dans ce dossier. Il indiquait en outre qu’il fallait en premier lieu des mesures paramétriques afin d’assurer l’équilibre du nouveau régime universel avant sa création.
Le piège se refermait ainsi sur Macron qui se mettait à dos 70 % des français et obligé, pour ne pas perdre la face, de mettre en marche la planche à billets en particulier avec le monde enseignant pour que ceux-ci ne perdent pas trop d’argent dans cette aventure.
Alors que l’on croyait à tort que les deux CGT étaient à genoux, et que ce changement systémique passerait comme une lettre à la Poste, malgré l’avertissement des gilets jaunes, Macron demanda au premier ministre de sortir du bois et faire des propositions concrètes. Il était temps car la cacophonie gouvernementale accentuait le ridicule des ministres qui chacun racontait sa version parfois totalement contradictoire.
Le 5 décembre les deux CGT, FSU, Solidaires, MNL, UNL, FIDL et UNEF ont mis dans la rue plus d’un million de manifestants pour une première journée de grève interpro. Dés le 6 décembre, ces mêmes organisations appellent à une deuxième journée pour le mardi 10 décembre, s’inscrivant ainsi dans la durée, avec une revendication simple : retrait du régime universel à points et ouverture de véritables négociations pour améliorer le système existant.
Macron vient de se rendre compte qu’il est piégé. Si la situation venait à s’envenimer, il pourrait toujours faire sauter les deux fusibles Philippe et Delevoye et reporter à plus tard une importante modification des régimes de retraites.
Il pourrait aussi, laisser tomber la CFDT et tendre la main aux deux CGT afin de faire évoluer les régimes « spéciaux » et de la fonction publique. Il pourrait ainsi sauver son quinquennat et trouver des alliés de taille qui ne s’opposeraient pas à sa réélection pour un deuxième mandat, privant en même temps le Rassemblement National de votes venant de la CGT et de FO en cas de mise en place d’un régime de retraites à points.
Toutefois il est urgent d’agir, la grève interpro peut sortir du cadre des retraites et devenir une grève générale avec de nombreuses revendications notamment sur des augmentations de salaires et une amélioration conséquente des conditions de travail…
Il est urgent d’agir pour tuer dans l’œuf la violence qui gagne la France. Un dérapage policier est toujours possible, aujourd’hui plus personne ne maîtrise réellement les forces de l’ordre.
La violence peut aussi désormais surgir d’éléments de la population qui ont l’impression de s’être fait manipuler lors de l’élection présidentielle de 2017.
Enfin, il existe quelques milliers d’individus et leur nombre grandit rapidement, qui pensent que la violence est l’unique solution pour se faire entendre. Ces personnes imaginent qu’en déstabilisant les Forces de l’Ordre, le gouvernement et Macron n’ayant plus de boucliers abandonneront leur pouvoir.
Il est urgent que Macron reviennent sur le sujet essentiel sur lequel il est attendu et qui peut le renforcer, la création d’emplois en mettant la pression sur un patronat qui se gave avec l’argent public. Comme dirait l’autre, un pognon de dingue !