Au moment où le président français Emmanuel Macron est à Djibouti, nous avons eu un entretien exclusif avec un opposant au régime, il s’agit du coordinateur du MRD en Europe, M. Mahamoud DJAMA.
Macron au chevet de Djibouti ?
La diminution du trafic éthiopien entrainera une diminution de la recette de l’état qui a déjà du mal à payer les intérêts de la dette. Donc, il faut s’attendre à une explosion de la dette qui dépasse déjà le 104% d’après les chiffres du FMI, mais qui s’approcherait les 120% selon des observateurs internes.
C’est dans ce contexte économique que le président français arrive à Djibouti les 11 et 12 mars 2019, ainsi qu’un contexte politique dés plus dégradé. M. Mahamoud DJAMA opposant au régime nous explique.
WorldNewsMedias.Com : Dans ce naufrage annoncé que fait l’opposition djiboutienne dont vous faites partie?
Mahamoud DJAMA : vous savez, l’opposition a le devoir de proposer une voie démocratique entre la dictature et le chaos.
L’opposition djiboutienne du moins la vraie opposition, digne et crédible aux yeux du peuple djiboutien dit « on ne libère un peuple, mais un peuple se libère !» Par conséquent, nous n’avons pas à endosser le rôle de libérateur, mais nous avons le droit de préparer l’après pour éviter de remplacer la dictature par le chaos qui est l’argument de bons nombres des dictateurs africains. Généralement, ils créent les conditions du chaos pour prolonger leur bail ! Du moment où la voie des urnes a été rendu caduque par le régime en place, la rue s’impose comme la solution unique. Je dis la solution unique car la solution armée qui complète les options du changement de régime, n’est pas souhaitable pour Djibouti afin d’éviter une désintégration.
En outre, cette option armée peut provoquer un changement, mais jamais l’instauration de la démocratie. Le nouveau régime arrivé avec les armes, restera avec les armes jusqu’au moment un autre arrivera avec les armes. Donc, c’est un éternel recommencement, alors que nous voulons l’instauration de la démocratie le plutôt possible.
WorldNewsMedias.Com : Vous avez dit « la vraie opposition », il y a-t- il une fausse opposition ?
Mahamoud DJAMA : Oui, dans son délire de tout contrôler le dictateur Guelleh essaie même de contrôler l’opposition en créant une opposition alimentaire et aux ordres ! Il y a quelques individus de ce genre qui siègent avec lui au parlement, sa chambre d’enregistrement, et qui se revendiquent opposants lors des mascarades électives.
WorldNewsMedias.Com : Quel est l’état de l’opposition ? A-t-elle accès aux médias du pays ?
Mahamoud DJAMA : Non, l’opposition n’a pas droit au chapitre ! Pour ce qui est des médias : ils se résument à une radio et une télévision qui appartiennent à l’état mais qui semblent être une propriété privée du régime. Sinon l’état de l’opposition n’est pas bon car le régime essaie de la criminaliser et la combattre avec tous les moyens de l’état : argent public, justice, service secret, policière etc.
Pour autant la résistance continue. Le terme opposition ne convient même pas pour ceux qui luttent contre ces dictateurs en Afrique. Il s’agit de la résistance. Donc, au lieu de dire « opposant », on devrait plutôt dire « résistant ». Donc, cette résistance continue de s’organiser. Nous avons connu des hauts et des bas. Le MRD (Mouvement pour le Renouveau démocratique et le Développement) issu du PRD (Parti du Renouveau démocratique et du Développement), le premier parti démocratique légalisé à Djibouti, donc le plus ancien et le plus grand au niveau de sa base militante , semble être la cible favorite du régime Guelleh.
Après la mort du père fondateur, Allah huramo Mohamed DJAMA ELABEH, le régime a essayé de cloner le parti. Afin d’éviter une bataille juridique très longue et les résultats connus d’avance car la justice est aux ordres à Djibouti, Les compagnons du père fondateur ont réussi à basculer le parti en Mouvement qui a été légalisé sous le nom MRD.
La montée du parti a de nouveau inquiété le dictateur au point où il intervient directement sous forme d’un décret pour le dissoudre en fabriquant des preuves inexistantes.
Après avoir épuisé toutes les recours possible au sein de la justice djiboutienne, le parti a porté l’affaire devant les instances internationales. L’affaire est pendante devant le comité des nations-unies pour les droits de l’homme à Genève depuis novembre 2017.