On ne peut pas demander aux qatariens de s’engager plus fermement dans le développement du Qatar tout en ignorant les valeurs du pays.
Les limites de l’état autoritaire
Le Qatar n’est pas une démocratie chacun en conviendra. C’est bien l’émir Tamim bin Hamad al Thani qui a reçu de son père, l’émir Hamad, fin juin 2013, les pleins pouvoirs pour faire prospérer un pays qui a de nombreux atouts. L’émir Hamad avait fait des efforts considérables pour conduire son pays sur les chemins du progrès et peut être à moyen terme évoluer vers une approche plus démocratique du pouvoir.
L’arrivée de son fils au pouvoir a stoppé net cet élan, même si on parle désormais d’une légère évolution politique, nous verrons en son temps à quoi cela aboutira. Le fils n’a pas l’assise de son père et il est sous surveillance des grandes familles du Qatar qui se demandent où il conduit leur pays. Tamim al Thani dirige de main de maître le Qatar, le transformant petit à petit, plus en une grande multinationale qu’en un véritable état.
Tout passe par lui, même les choix primordiaux du PSG. Nasser al Khelaifi doit en permanence convaincre son émir et justifier de ses décisions. Il en est ainsi pour l’accord passé avec les Ultras du PSG ou pour les importants investissements avec l’arrivée de Neymar ou de Mbappé. C’est le cas encore de la réunion à Doha de ce début 2019 avec tout le staff parisien pour rendre compte à l’émir en direct.
Si la plus part des qataris regardent d’un œil distrait ce qui se passe dans la Ligue 1 française, ils sont bien plus attentifs à la compétition qui se joue en Ligue des Champions, véritable compétition de niveau international.
Nous souhaitons de tout cœur la réussite du PSG mais l’échec insupportable en Champions League contre Manchester United oblige Nasser al Khelaifi à rendre des comptes s’il ne veut mettre en difficulté l’émir Tamim bin Hamad al Thani.
La Constitution du Qatar n’est plus adaptée
Le Qatar dans sa Constitution est toujours un pays wahhabite, ce qui sous-entend que le sport n’a aucune importance. Or, l’émir Tamim passe beaucoup de temps à s’occuper de sport et engage des moyens importants comme pour la Coupe du monde 2022, au détriment de ses concitoyens et des populations habitant le Qatar. Son pari est qu’avec le sport le tourisme se développera. Là encore les qataris n’imaginaient pas se fortifier pour sauvegarder leur intimité. La modification de la loi sur l’éloignement des expatriés célibataires à venir dans les premiers mois de 2019 va bien dans ce sens.
Certes avec la crise dans le Golfe, depuis le 5 juin 2017, un hyper nationalisme est palpable dans le pays, mais tout cela a ses limites. La crise actuelle a été initiée par l’Arabie saoudite, le Bahreïn, les Emirats arabes unis et l’Egypte mais l’émir Tamim est incapable d’y faire face et de nombreuses familles vivent un drame. On ne peut pas demander aux qatariens de s’engager plus fermement dans le développement du Qatar, subir une crise pendant de longs mois, se fortifier dans leurs demeures, investir des sommes considérables dans une activité contre nature par rapport à leurs valeurs et croire qu’ils vont toujours se taire.
Il y a des limites à un état autoritaire où la voix du peuple est ignorée. Evidemment l’échec du PSG en Ligue des Champions n’est qu’une goutte d’eau parmi les milliers de décisions que l’émir prend, mais les grands événements nationaux prennent racines parfois sur un simple battement d’aile d’un papillon à Paris.