Il est possible que le mouvement des gilets jaunes cesse dans quelques temps, mais ce ne sont pas les « ultras » qui l’ont infiltré, ni le gouvernement qui le détruiront. C’est l’incohérence de ceux qui sont les leaders et qui n’assument pas cette responsabilité qui le conduira à sa perte.
La responsabilité historique de Drouet, Nicolle et Boulo
On est responsable de sa propre vie, mais aussi du monde qui se construit autour de vous, car celui-ci ne s’édifie pas indépendamment de la volonté humaine. (Axel Khan)
Au bout de treize semaines d’une lutte originale, en France, les gilets jaunes font face à de nombreuses polémiques : manque d’organisation, récupération par les partis traditionnels, violences, infiltrations par les extrêmes, etc…
Le président de la République et le gouvernement ont tout tenté pour affaiblir ce mouvement particulier, sans toutefois y parvenir. Une des dernières polémiques porte sur l’infiltration par l’ultra droite et l’ultra gauche. Le président Macron a annoncé que les gilets jaunes ont été infiltrés par « 40 à 50 000 militants ultras qui veulent la destruction des institutions ». Il dénonce la « fachosphère et la gauchosphère actives sur les réseaux sociaux », selon des propos rapportés partiellement.
Déjà auparavant la presse avait pointé du doigt la présence de ces ultras. La nouveauté est que ces ultras orienteraient le mouvement des gilets jaunes. Si le sujet n’était pas aussi grave, on rigolerait, car les deux forces se valent et donc un équilibre est finalement maintenu.
La problématique est sans doute plus simple. Les trois leaders clés des gilets jaunes, Ludosky, Drouet et Nicolle, auquel ont peut ajouter François Boulo, les autres n’ayant aucune influence réelle, ont été téléportés au milieu d’un moment historique qu’ils n’avaient à aucun moment imaginé. Depuis le 17 novembre 2018, ils se trouvent, malgré eux, à assumer des responsabilités auxquels ils n’étaient pas préparés. On ne s’improvise pas chef de meute lorsqu’on va à la chasse.
Parmi ces personnages historiques, deux se sont partiellement disqualifiés.
Eric Drouet s’est laissé manipuler par quelques journalistes qui lui ont attribué la volonté de prendre d’assaut l’Elysée, sans doute pour remplacer Macron. C’est totalement ridicule, mais plus c’est gros plus ça marche. Il en est de même pour le « soulèvement » rapporté dans un communiqué qui n’a jamais été écrit par Drouet car ses textes sont remarquables par le nombre de fautes. Menacé par la justice, Éric Drouet a été contraint de baisser d’un ton, il se sert de ses amis, fidèles et nombreux pour exprimer sa volonté révolutionnaire.
L’autre leader, Maxime Nicolle qui passe son temps à dire qu’il n’est pas chef, prend pourtant de nombreuses initiatives qui montrent qu’il décide souvent seul et pas toujours avec pertinence. Un de ses derniers délires l’a grillé pour ne pas dire ridiculisé. Il a émis le désir de demander un asile constitutionnel et devenir un réfugié politique en quittant la France. Nous ne parlerons pas de son ultimatum lancé au gouvernement qui doit accepter les demandes des gilets jaunes ou alors il quitte la France. Ceux qui lui ont mis cette idée en tête, lui voulaient vraiment du mal car depuis chacun attend son départ pour l’étranger, ce qui n’arrivera probablement pas.
Le cas de François Boulo, monsieur grève générale, est aussi à considérer. Il peut être utile dans ce combat, en espérant qu’il ait compris qu’il faut vérifier qu’une action ne s’engage que si elle est sérieusement préparée et surtout voulue.
Enfin, il y a la femme, l’avenir de l’homme, disait mon ami Jean Ferrat. Priscillia Ludosky, n’a pas commise beaucoup de fautes pour l’instant, à part peut-être de s’afficher avec Etienne Chouard, celui qui a imposé le RIC aux gilets jaunes.
Ludosky pourrait être sans difficulté la dirigeante de ce mouvement et le conduire vers une issue heureuse. Il faudrait pour cela que Drouet, Nicolle et Boulo acceptent de reconnaître les compétences de Ludosky à diriger le mouvement et se positionner comme piliers fortifiant ainsi la globalité du mouvement.
Il est possible que le mouvement des gilets jaunes cesse dans quelques temps, mais ce ne sont pas les « ultras » qui l’ont infiltré, ni le gouvernement qui le détruiront. C’est l’incohérence de ceux qui sont les leaders et qui n’assument pas cette responsabilité historique qui le conduira à sa perte.
Les gilets jaunes peuvent digérer l’ultra droite, l’ultra gauche et les autres, pour cela il est nécessaire de revenir aux bases du mouvement et mettre en avant : le pouvoir d’achat, un contrôle de la fiscalité et une démocratie qui redonne une place aux citoyens.