En regardant et écoutant « les lives » de Maxime Nicolle, il évoque régulièrement l’idée que le mouvement des gilets jaunes, initié le 17 novembre 2018, n’a pas de chefs. Nous assistons au retour d’une organisation basée sur l’horizontalisme.
Maxime Nicolle rejette « le pouvoir sur autrui »
Depuis le 17 novembre 2018, un mouvement social, politique et humaniste s’est mis en marche, en France, surprenant les observateurs les plus avisés. Se servant des ronds-points comme lieu de discussion dans la semaine et des centres villes comme lieu de manifestation le samedi, voilà deux mois qu’il vit.
Dès les premiers jours, chacun leur a demandé de s’organiser pour faire avancer leurs revendications qui ont évolué dans le temps, mais là n’est l’objet de notre réflexion pour l’instant. C’est bien l’organisation des gilets jaunes qui nous intéresse.
Ce mouvement est traversé par un courant révolutionnaire qui a déclaré par la voix d’un de ses membres que si l’occasion se présentait, l’Elysée pourrait être envahi. On comprend mieux le « Macron démission » ainsi que la dissolution de l’Assemblée Nationale et du Sénat. Toutefois ce courant est très minoritaire.
Parmi les nombreuses autres réflexions autour d’une organisation du mouvement, une a attiré particulièrement notre attention.
En regardant et écoutant « les lives » de Maxime Nicolle, gilet jaune, celui-ci évoque régulièrement l’idée que le mouvement n’a pas de chefs et chaque rond-point doit s’organiser et agir par lui-même, informant les autres groupes des gilets jaunes pour essayer, autant que c’est possible, d’agir ensemble le samedi.
Il nous semble reconnaitre ici l’organisation des luttes sociales latino-américaines, des années 1990, en particulier en relation avec les mouvements paysans et indigènes auto organisés comme le mouvement zapatiste. Ou celle apparue lors des révoltes de masse qui ont éclaté en Argentine lors de la crise de la dette imposée par le F.M.I., lorsque les piqueteros, les assemblées de quartier et les manifestations massives provoquèrent la chute d’un gouvernement après l’autre avec le slogan « Qu’ils s’en aillent tous ! » On parlait alors de la notion d’organisation horizontaliste.
Encore plus important est la notion que développe Maxime Nicolle, un de ces gilets jaunes qui se distingue par ces vidéos (lives), il rejette « le pouvoir sur autrui » notion établit par le sociologue marxisant John Halloway.
Chacun se souvient qu’Halloway fait une distinction fort utile entre :
- le «pouvoir sur» (celui des patrons, des policiers et des bureaucrates),
- le «pouvoir contre» (celui qu’exercent les 99% quand ils se révoltent)
- et le «pouvoir de» (le potentiel dont disposent les humains pour créer, construire, s’organiser).
Nicolle tout comme Halloway rejettent le «pouvoir sur autrui», autrement dit l’oppression, l’exploitation, la dictature économique et politique.
Le seul problème, c’est que cette forme d’organisation horizontaliste, s’est révélé éphémère. Lorsque le mouvement de masse reflue, il est fréquent qu’elle disparait ou se retrouve marginalisée par des groupes centralisés, plus structurés.
Tout reste à construire pour les gilets jaunes en termes d’organisation. Nous aurons certainement l’occasion d’en reparler, l’élément réseaux sociaux fera probablement parti de la solution.
Autre problème de taille est la façon de s’exprimer de Maxime Nicolle. Il joue sur les mots à propos de sujets comme l’attentat de Strasbourg ou même de Nice qu’il qualifie respectivement de fusillade ou de tuerie de masse et certainement pas d’attentats terroristes. Pour remettre en question l’information dispensé par les médias et les pouvoirs publics, il pratique des raccourcis qui le placent dans la mouvance des complotistes rendant inaudibles ses messages.