Les raisons de la révolte des gilets jaunes sont toujours là. Sans une réponse adéquate, nous risquons un terrorisme interne et social qui puise ses racines dans l’exclusion grandissante d’une partie de la population française.
L’expression de la colère va continuer se transformer et empirer
Ce samedi 22 décembre 2018, jour de manifestation des gilets jaunes, ne sera pas marqué, comme les medias essaient de nous l’imposer, par ces malheureux trois policiers pris à partie par une cinquantaine de manifestants radicalisés, ultra droite et quelques voyous.
Trois policiers qui obéissent à un ordre de leur hiérarchie qui commet une faute professionnelle en jetant ces trois agents dans un traquenard. Finalement, il n’y a eu aucun blessé, un miracle.
Cette journée du 22 décembre 2018, Acte 6, du mouvement des gilets jaunes qui a débuté le 17 novembre 2018, ne peut se résumer à ces actes extrêmes commis par une petite partie de la population des gilets jaunes, ni la décapitation d’un mannequin à Angoulême ou autres violences dans plusieurs villes de France. Si tout cela est condamnable, il faut s’attendre à ce que cela se reproduise et empire.
Lorsqu’un conflit dure autant de temps, il est aisé de voir les manœuvres du gouvernement et de quelques ministres pour le discréditer, manœuvres grossières sur les chiffres publiés, sur les réponses insuffisantes apportées par le président Macron aux revendications des gilets jaunes, sur les arrestations arbitraires par les forces de l’ordre, en particulier sur un des leaders en la personne d’Éric Drouet et l’utilisation des médias, notamment d’information en continu.
Le pouvoir politique n’a toujours pas compris que la méthode autoritaire conduira à renforcer la partie des gilets jaunes extrémistes qui demain se transformera en terrorisme social.
Un dialogue qui ne sert à rien
Les raisons de la révolte des gilets jaunes sont toujours là et l’approche politique pour les résoudre est désastreuse.
Le dialogue pour remonter les revendications, par tous les français, ne correspond pas à la réalité de ce conflit qui repose sur le bas de la classe moyenne qui voit arriver le spectre de la pauvreté. Il n’y aura que peu de participation des gilets jaunes dans ces assemblées locales où leurs revendications seront diluées dans un amoncellement d’autres demandes corporatistes ou particulières.
Macron et le gouvernement essaient de gagner du temps pour étouffer le mouvement. Non seulement il ne va pas réussir, mais il offre aux gilets jaunes radicalisés, (environ 4 % des GJ) et aux ultras droite (environ 1 % des GJ) la possibilité de recruter massivement.
Les propos tenus par plusieurs membres du gouvernement ainsi que du porte-parole de l’Elysée ne sont pas là pour ramener la « concorde » comme le réclame le président Macron, mais bien au contraire, ils rajoutent de l’huile sur le feu et persuadent ceux qui n’ont plus d’espoir de passer à une autre forme d’expression de la colère.
La haine entre une partie de la population et les dirigeants politiques se renforce à chaque Acte des gilets jaunes. Les semences de mouvements insurrectionnels ont été plantées et porteront leurs fruits comme en novembre et décembre 1947.
La confiance est rompue entre le président Macron et une partie de la population.
Un gilet jaune me disait récemment, « les premiers actes effectués par les dirigeants actuels en France ont été une véritable déclaration de guerre envers une partie de la population. Non seulement l’histoire de l’ISF mais surtout d’avoir abaissé les APL de 5 euros.
La baisse des APL a été comprise comme une volonté d’exclure une partie plus importante de la population qui vit au milieu de tant de tentations consuméristes.
Le combat initié par les gilets jaunes ne porte pas seulement sur la problématique de la faim mais le rejet d’une partie de la population dans des zones secondaires. L’idée de faire payer le passage pour accéder aux grandes villes comme Paris a probablement fait plus de dégâts inconsciemment que l’augmentation du gazole et de l’essence.
Le malaise est profond entre les différentes couches de la population françaises. Le fameux vivre ensemble est une belle illusion. La haine de classe revient en force, ce que nous voyons avec la révolte des gilets jaunes, est probablement le dernier signal avant des violences du quotidien.