Les Gilets jaunes remettent en question le fonctionnement de nos institutions, d’autres forces dans le pays parlent de quatrième pouvoir qui pourrait contrôler les institutions. Au temps de Staline le problème se posait déjà, souhaitons que les mêmes solutions ne soient pas appliquées.
La gestion du mécontentement
Chers lecteurs, voilà un mois que la lutte des Gilets jaunes me passionne, on est bien loin de mes écrits habituels sur le Qatar, mais en changeant de nom, en passant de qatarinfos.net à worldnewsmedias.com, vous avez compris que je souhaitais de temps en temps m’égarer sur d’autres lieux que la péninsule qatarienne.
Ce matin, je vous conseille une lecture que j’ai retrouvé dans mes archives électroniques sur la « gestion du mécontentement dans un état socialiste. » Un travail très fouillé de Nérard François-Xavier dans Revue d’histoire moderne & contemporaine.
Les Gilets jaunes remettent en question le fonctionnement de nos institutions, d’autres forces dans le pays parlent de quatrième pouvoir qui pourrait contrôler les institutions. Au temps de Staline le problème de la gestion du mécontentement se posait déjà.
« A partir de 1928, la nouvelle politique stalinienne, fondée sur la collectivisation de l’agriculture et l’industrialisation à marche forcée du pays, bouleverse l’URSS. Les individus sont les laissés-pour-compte de cette profonde restructuration économique, politique et sociale. Même pour ceux qui ne sont pas directement victimes de ces changements, la vie quotidienne devient de plus en plus dure.
Les problèmes de logement, de chauffage, de nourriture et l’absence de biens de consommation marquent la vie des Soviétiques. Si l’État tente de masquer ces difficultés, le mécontentement dans l’URSS de Staline s’exprime bel et bien.
Le pouvoir stalinien essaie, dans la mesure du possible, de contrôler ces manifestations de mauvaise humeur en mettant en place ou en réactivant, à partir de la fin des années vingt, plusieurs « capteurs » du mécontentement, plus ou moins secrets. La police politique et son réseau d’informateurs constitue sans nul doute une bonne source information qui fonctionne à l’insu de la population.
Mais il existe également de nombreuses structures qui doivent recueillir les plaintes des Soviétiques et tenter de venir en aide à ceux qui « dans leurs affaires privées se heurtent à la paperasserie et à une attitude inattentive.»
Certaines d’entre elles ne gèrent le mécontentement ou les plaintes que comme un attribut secondaire de leurs compétences, c’est le cas en particulier, des journaux soviétiques, des secrétariats des hautes personnalités, du parti communiste. Mais, dans ce paysage, se détache une institution assez particulière à la Russie soviétique, les bureaux des plaintes dont le travail se limite en effet à la seule gestion des doléances.
Peu étudiés et mal connus, les bureaux des plaintes, et au-delà l’ensemble de l’appareil de gestion du mécontentement, n’en sont pas moins l’un des rouages essentiels de l’URSS totalitaire… »
Nérard François-Xavier, « Les bureaux des plaintes dans l’URSS de Staline ( 1928-1941). La gestion du mécontentement dans un État socialiste », Revue d’histoire moderne & contemporaine, 2002/2 (no49-2), p. 125-144. DOI : 10.3917/rhmc.492.0125. URL :
Au temps de Staline le problème du mécontentement se posait déjà, souhaitons que les mêmes solutions ne soient pas appliquées.