Un secrétaire général d’une confédération comme Force Ouvrière doit être capable de connaitre et apprécier à leur juste valeur les 300 personnes qui pèsent le plus dans une organisation de ce niveau, mais il ne saurait être question de les ficher car c’est contre nature.
Démission de Pavageau Secrétaire général de FO
J’apprends ce matin que Pascal Pavageau, Secrétaire général de la Confédération FO est démissionnaire. C’est la suite logique de l’information publiée par le Canard Enchainé mentionnant l’existence d’un fichier controversé sur les dirigeants du syndicat, unions départementales et fédérations.
Pavageau n’avait guère le choix, c’est ceux-là même qui l’avaient élu à la tête de FO qui apparaissent dans ce document qui désormais circule partout, donc qui n’a pas fini de faire des dégâts, tant au sein de la centrale syndicale de l’Avenue du Maine qu’à l’extérieur où Force Ouvrière ne manque pas d’ennemis.
Le fichier papier date de 2016, pour préparer le Congrès Confédéral et en particulier la réunion du CCN, Comité Confédéral National, où est élu le Secrétaire général.
Ayant eu des responsabilités à tous les niveaux de Force Ouvrière, il me parait naturel qu’un secrétaire général d’une confédération soit capable de connaitre et apprécier à leur juste valeur les 300 personnes qui pèsent le plus dans une telle organisation. Ce qui est totalement inacceptable c’est que ces dirigeants des structures Force Ouvrière soient fichés et en outre avec des qualificatifs inimaginables dans un syndicat.
Pour rappel, il existe un secrétaire confédéral chargé de l’organisation, ceci n’est pas un hasard.
FO est un syndicat et non une entreprise
Ce qui arrive à Pascal Pavageau n’est pas étonnant, il tombe par sa façon de manager FO. La dérive est apparue avec l’arrivée au pouvoir de Jean Claude Mailly son prédécesseur. La culture du Chef, vielle tradition de Force Ouvrière, est devenue progressivement, pour certains cadres des structures, l’obéissance hiérarchique au dirigeant. Il faut dire que la Confédération assure le salaire de bon nombre d’entre eux, nonobstant le fait qu’ils soient élus par leur base, union départementales ou fédérations.
L’arrivée de Pavageau avait accéléré ce processus. La collégialité du Bureau Confédéral disparait laissant la place à une « équipe de direction » avec à sa tête un patron. Il n’est pas étonnant que certains salariés de l’organisation, au niveau confédéral, aient mis en place une gestion des cadres, totalement illégale, mais malheureusement existante dans bon nombre d’entreprises.
Pascal Pavageau dérangeait, certes, par sa vision contestataire, mais il est surtout tombé car lâché par la base qui l’avait élu. Ces dirigeants Force Ouvrière, élus, s’estiment offensés par un responsable laissant s’installer des méthodes contre nature dans un syndicat.
Il parait nécessaire qu’un prochain CCN se penche sur non seulement ce type de dérive, ficher des militants de l’organisation syndicale, mais surtout sur la dérive du « management » de FO.
S’il faut nommer un Secrétaire général de la Confédération, il est tout aussi essentiel de revenir à une collégialité du Bureau Confédéral, « Primo inter pares » « Premier entre ses pairs ».
Force Ouvrière va pâtir de cet évènement inadmissible au sein d’une organisation syndicale, pourra perdre ici ou là quelques points aux élections professionnelles, mais se relèvera, car l’action personnelle d’un dirigeant, n’a qu’un impact limité sur la vie militante dans les entreprises et administrations.
Dernière minute
Une réunion extraordinaire du CCN, comité confédéral national de Force Ouvrière (FO), doit avoir lieu les 21 et 22 novembre, le successeur à Pascal Pavageau devrait être élu.