Un appel de l’émir du Qatar au président turc, la montée en charge de la construction des stades pour la Coupe 2022 et la situation financière qatarienne font l’actualité de ce jour.
L’imbroglio turc, américain et qatari
Le déficit budgétaire du Qatar pour 2018 devrait être, selon nous, moins important que prévu. En effet, le prix du baril de pétrole reste toujours au-dessus de 70 dollars, alors que le budget qatarien a été construit à partir d’un prix du baril à 45 dollars. Le Qatar aura tout de même besoin de financer ce déficit en sollicitant les marchés internationaux.
La montée en charge des chantiers des stades et des infrastructures liées à la Coupe du monde 2022 ainsi que le financement d’un surarment du Qatar sont les deux éléments qui pèsent le plus dans ce déficit.
S’il y a des sujets de satisfaction pour l’émir du Qatar comme l’augmentation des exportations, liées pour l’essentiel aux hydrocarbures et dérivés, ce qui entraine un solde courant excédentaire, un sujet d’inquiétude non prévu a vu le jour. Hier, l’émir du Qatar, a appelé son homologue turc, le président Erdogan afin de comprendre jusqu’où il comptait aller dans l’escalade conflictuelle entre la Turquie et les USA.
Le Qatar est très engagé financièrement en Turquie notamment avec Qatar National Bank (QNB) qui détient Finansbank, et Commercial Bank qui détient une participation majoritaire dans le prêteur turc Alternatifbank ainsi que de nombreux engagements financiers dans l’économie turque.
La Turquie est un allié militaire et commercial important, mais le Qatar a sur son territoire la base militaire américaine d’Al Udeid, la plus importante au monde hors USA. Or, chacun se souvient que depuis le 5 juin 2017, le Qatar subit un boycott partiel de son économie, (les hydrocarbures ne sont pas impactés) par l’Arabie saoudite, le Bahreïn, les Emirats arabes unis et l’Egypte.
L’affaiblissement de la Turquie, notamment par la chute de sa monnaie de 40 % depuis janvier 2018, inquiète l’émir du Qatar, tant au niveau économique qu’au niveau militaire.
Cet appel téléphonique de hier avait comme objectif d’assurer Erdogan de la fidélité des rapports entre les deux pays mais aussi de lui demander, autant que possible, de mieux contrôler sa communication qui attise les flammes entre les USA et la Turquie.
Il est fort probable que l’émir Tamim bin Hamad al Thani soit intervenu pour faciliter la libération du pasteur américain Andrew Brunson, pomme de discorde entre Erdogan et Trump. Un geste dans ce sens pourrait remettre de l’huile dans les rouages, désormais grippés, entre les américains et les turcs.
L’effondrement économique de la Turquie aurait un impact mortel pour Erdogan et des conséquences graves pour l’économie du Qatar. Surtout elle affaiblirait fortement l’émir Tamim en interne, au Qatar, car il a beaucoup misé sur Erdogan, alors que plusieurs grandes familles qatariennes doutaient de ce rapprochement.