Tamim bin Hamad al Thani répond favorablement à l’invitation du président russe, Poutine, pour une visite de travail de deux jours ces 26 et 27 mars 2018.
Les rapports particuliers entre le Qatar et la Russie
Alors qu’une bonne partie du monde interpelle la Russie suite à l’empoisonnement de l’agent double Skripat sur le sol britannique, ou dénonce l’annexion de la Crimée, l’émir du Qatar accepte de se rendre sur le sol russe en réponse à une invitation du nouveau président réélu, Poutine.
Les rapports entre le Qatar et la Russie se renforcent avec le temps. On peut dire que sur de nombreux sujets il existe un axe Ankara, Doha, Téhéran, Moscou mettant à mal, assez souvent, la politique étrangère de l’Arabie saoudite, voire des USA ou en contradiction avec l’Europe. Pour marquer son indépendance l’émir du Qatar, comme jadis son père et prêt à s’allier y compris avec la Corée du Nord s’il le fallait.
Les Russes et les Qataris se rencontrent régulièrement sur plusieurs sujets comme les investissements du Qatar en Russie, la Coupe du monde de football 2018 qui sera suivi par celle du Qatar en 2022 ou encore le gaz, puisque les deux pays font partie des premiers exportateurs mondiaux.
Le Qatar se trouve quelque fois en opposition avec les russes notamment sur l’affaire de la Syrie. Si le Qatar a rêvé de faire tomber Bachar El Assad, entrainant derrière lui des pays comme la France, Poutine a tout fait pour le maintenir au pouvoir et a réussi. Le voyage en Russie de l’émir Tamim amorcera sans doute un prochain retournement de la politique étrangère du Qatar envers la Syrie, nonobstant les centaines de milliers de morts. C’est le deal qui sera proposé probablement à Poutine par l’émir Tamim. Des investissements contre une influence supplémentaire du Qatar au niveau mondial.
Enfin, si le Qatar peut aujourd’hui compter sur le soutien américain pour assurer sa protection territoriale avec l’arrivée au pouvoir de Donald Trump cette sécurité s’amoindrit chaque jour un peu plus. Il en est de même pour l’inébranlable soutien turc au Qatar, des qataris commencent à s’inquiéter de l’influence d’Erdogan sur Tamim et surtout de la volonté du président turc de reconstituer tout ou partie de l’empire ottoman. Trump et Erdogan, deux hommes dont l’ego et si démesuré qu’il est impossible de se projeter avec eux.
La Russie de Poutine pourrait être ce troisième élément d’assurance pour le Qatar en cas de défaillance des américains ou d’une volonté d’annexion par les turcs. Là encore, l’émir se heurte à l’ego de Poutine qui n’a rien à envier à celui de Trump ou d’Erdogan.
Le Qatar a le chic de se mettre dans des situations inextricables, c’est le lot souvent des pays qui ont des fondations qui reposent sur du sable ou des pays virtuels. Le Qatar cumule les deux pour le plus grand malheur de ses citoyens.