L’hyper nationalisme ne pourra pas éternellement couvrir les insuffisances des dirigeants du Qatar.
Une crise qui tombe bien
Finalement, le quartet composé par l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, le Bahreïn et l’Egypte aura rendu service aux dirigeants qataris, sans le vouloir.
Depuis quelques années, les choix stratégiques du Qatar en matière économique, de relations internationales, d’armement, se font en sacrifiant une partie de sa population, en particulier sa classe moyenne. Le désenchantement s’installe. Non seulement les inégalités s’accroissent dans ce pays au nombre de millionnaires impressionnant mais des incohérences apparaissent quant à la gestion du pays.
En matière économique, le choix d’organiser la Coupe du Monde 2022 pourrait se transformer en un fiasco, quand la comparaison serait effective entre les revenus et les dépenses engagées. Comment le secteur du sport a pu prendre une telle dimension dans un pays qui se dit wahhabite ?
En matière de tourisme, fallait-il investir des dizaines de milliards dans une activité qui n’est pas partagée par les qataris ? Comment peut-on imposer une présence étrangère qui vient s’ajouter à la vie quotidienne où déjà un qatarien vit entouré de 9 expatriés ? Les difficultés croissantes dans le Golfe persique dont la responsabilité repose partiellement sur les autorités qatariennes pourraient peser sur le développement de ce secteur…
Les qatariens subissent des choix qu’ils ne partagent pas, leur expression publique et en permanence diminuée, comme le prouve le contrôle des réseaux sociaux ou la fermeture de Doha News. Les élections à venir à la Shura seront scrutées pour voir qui représentera véritablement le peuple qatarien.
La confusion s’installe sur les grands axes stratégiques. Ainsi comment les dirigeants qataris peuvent demander à leur population un engagement dans le secteur privé pour être moins dépendant des hydrocarbures lorsqu’en même temps ils augmentent leur production ?
L’hyper nationalisme ne pourra pas éternellement couvrir les insuffisances des dirigeants du Qatar, la crise prendra fin un jour, ils devront tôt ou tard tenir compte de l’opinion des qataris qui se sont aperçus que leurs gouvernants sont faillibles .