Depuis mai 2016 la Tunisie bénéficie du plan quadriennal au titre du mécanisme élargi de crédit (MEDC), pour une enveloppe globale de 2,9 milliards de dollars, débloqués en 8 fois, à la suite de la revue du programme économique par le FMI.
Intervention du FMI en Tunisie en fin d’année 2017
Une équipe des services du Fonds monétaire international (FMI) dirigée par M. Björn Rother a séjourné à Tunis du 30 novembre au 13 décembre pour achever les consultations de 2017 au titre de l’article IV et mener à bien la deuxième revue du programme économique de la Tunisie appuyé par un accord quadriennal au titre du mécanisme élargi de crédit (MEDC) approuvé en mai 2016. Voici ce qu’il faut retenir de ces deux interventions :
« Au terme d’échanges francs et focalisés, l’équipe du FMI et les autorités tunisiennes sont parvenues à un accord sur les politiques économiques nécessaires pour achever la deuxième revue du programme de la Tunisie appuyé par le MEDC. Le principal défi pour les mois à venir sera de rattraper les retards significatifs accusés dans l’effort d’éliminer les obstacles à la croissance et dans la maitrise des déficits budgétaires et extérieurs importants. Tirant profit de l’adoption d’une loi de finance ambitieuse pour 2018, les autorités tunisiennes ont exprimé leur engagement à entreprendre des actions décisives avant l’examen de la deuxième revue par le Conseil d’administration du FMI. L’achèvement de la revue mettrait à disposition 227,3 millions de DTS (environ 320 millions de dollars), ce qui porterait le total des décaissements au titre du MEDC à environ 1 milliards de dollars.»
«Deux tendances opposées caractérisent l’économie tunisienne à la fin de cette année. La croissance s’est raffermie pour atteindre environ 2% en raison des améliorations significatifs du climat sécuritaire. Les arrivées de touristes ont connu une hausse de 30%, la production de phosphates a fortement rebondi et les investissements (étrangers et nationaux) montrent des signes précoces de reprise. Cependant, d’un autre côté, les vulnérabilités macroéconomiques se sont accentuées et nécessitent une action urgente. La dette publique atteindra 70% du PIB d’ici la fin de l’année, le déficit record du compte courant sera à deux chiffres, et les réserves internationales de la Banque Centrale de Tunisie ont chuté.»
«La reprise économique ouvre la possibilité de prendre des mesures décisives. Les autorités tunisiennes ont déjà franchi une étape importante en adoptant une loi de finances audacieuse pour 2018, qui vise à réduire le déficit budgétaire à moins de 5% du PIB. Pour atteindre cet objectif budgétaire ambitieux, il faudra mettre en œuvre la stratégie fiscale du gouvernement et mettre en œuvre la stratégie globale de réforme de la fonction publique. La réduction des subventions de l’énergie, qui profite de manière disproportionnée aux ménages aisés, et la poursuite de la réforme du système de sécurité sociale sont d’importantes étapes sur le chemin de la stabilisation des déficits et de la dette.»
« Les pressions inflationnistes croissantes exigent une réponse forte. L’inflation a dépassé les 6% en novembre, sous l’effet de hausses significatives des prix des produits alimentaires. A ce niveau, l’inflation affecte le revenu disponible et les investissements à long terme. La poursuite de la stratégie de resserrement de la politique monétaire de la Banque centrale de Tunisie, y compris en limitant le refinancement des banques, contribuera à ancrer les anticipations d’inflation et à soutenir le dinar sur le marché des changes. La flexibilité du taux de change continuera de contribuer à rendre l’économie tunisienne plus compétitive.»
« Pour que l’économie tunisienne réponde aux espoirs du peuple tunisien, accélérer la mise en œuvre des réformes programmés de longue date est indispensable. La refonte du cadre réglementaire pour la résolution des créances accrochées et pour la gouvernance des banques publiques aidera les petites et moyennes entreprises (PME) à accéder davantage aux financements bancaires. En rendant l’ensemble du secteur bancaire plus efficace, la réforme des banques publiques impactera directement l’un des principaux obstacles à la croissance et à l’emploi en Tunisie. La nomination imminente des membres du conseil exécutif de l’Instance Constitutionnelle Indépendante pour la Bonne Gouvernance et la Lutte Contre la Corruption sera un jalon important dans la lutte du gouvernement contre la corruption.»
« Le FMI soutient l’objectif du gouvernement tunisien d’être retiré dès que possible de la liste des juridictions fiscales non coopératives de l’UE. Dans ce contexte, le rapprochement progressif entre les régimes fiscaux onshore et offshore et la modernisation en cours de l’administration fiscale en vue d’améliorer le respect des obligations fiscales sont des engagements de réforme soutenus par le programme MEDC. La pleine mise en place de la direction générale des grandes entreprises récemment créée aidera à démontrer l’engagement des autorités à améliorer l’équité et la transparence du système fiscal tunisien. La participation de la Tunisie à l’initiative du G20 Compact with Africa témoigne également de l’engagement fort du pays en faveur du commerce international et de la possibilité de saisir les opportunités offertes par l’investissement étranger et l’intégration économique. »