Après s’être fâché avec l’Allemagne, Erdogan a cherché une clé d’entrée pour renouer avec l’Europe, en discutant avec son allié inconditionnel Tamim al Thani, celui-ci lui a conseillé de se rapprocher de sa seigneurie Macron. Et voilà le Sultan Erdogan reçu par le président français.
La France et le Qatar rêvent d’un destin mondial
En quelques mois, Macron, le président français a affirmé sa volonté de redonner à la France une place diplomatique au niveau mondial. Il a, en la matière, les mêmes ambitions que l’émir du Qatar, même si le dirigeant qatarien gouverne un pays pas plus grand qu’un confetti et dont l’histoire date de quelques décennies, mais il dispose de cash utilisable sans contrôle et cela peut être utile.
Macron et Tamim ont l’ambition de leur âge et chacun croit à un puissant destin. Macron a promis à Tamim de le soutenir face au quartet des boycotteurs (Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats et Egypte), en contrepartie, l’émir du Qatar a rallongé la liste des armements achetés à la France et il est fort probable que dans quelques appels d’offres à venir, des entreprises françaises remportent de juteux contrats.
Un troisième personnage vient de s’inviter à la table des discussions entre Macron et Tamim, il s’agit du président turc, Recep Tayyip Erdoğan.
Erdogan, une violente ambition
Recep Tayyip Erdoğan est né le 26 février 1954 à Beyoğluen Turquie. Dans quelques jours il aura 64 ans. La gestion du temps politique n’est pas la même que celle de Macron ou de Tamim. Son destin politique est déjà exceptionnel, il pourrait s’en contenter mais ce n’est pas son choix. Il a probablement autant d’ambition que Macron et Tamim réunis. Et comme cela n’allait pas assez vite pour lui, il s’est servi d’un « coup d’état manqué » pour prendre les pleins pouvoirs dans son pays alors qu’il n’arrivait pas à le faire démocratiquement. Tout bon observateur sait que les services secrets turcs sont assez performants, or, le « fameux coup d’état » a impliqué tant de monde qu’il était impossible pour Erdogan de ne pas le savoir. On peut considérer, sans tomber dans le complot, que ce « coup d’état » tombait bien pour Erdogan. Et depuis, sa violente ambition s’exprime.
Que peut produire le trio Macron, Tamim, Erdogan ?
Après s’être fâché avec l’Allemagne, Erdogan a cherché une clé d’entrée pour renouer avec l’Europe, en discutant avec son allié inconditionnel Tamim al Thani, celui-ci lui a conseillé de se rapprocher de sa seigneurie Macron. Et voilà le Sultan Erdogan qui met à mal la laïque Turquie reçu jour par le président français.
Macron a laissé filtrer qu’il allait interpeller Erdogan notamment sur les droits de l’homme, histoire de rassurer le bon peuple français. Il le fera, comme il avait interpellé Poutine sur les prises de positions de quelques médias russes au moment des élections présidentielles. Par contre, dès la conférence de presse terminée, les affaires reprendront le dessus. Tamim est de bon conseil pour Erdogan, il lui a expliqué la règle du jeu, il suffit d’un ou plusieurs contrats d’armement pour s’assurer les bonnes grâces de la France, quel que soit le président. Erdogan a acquiescé à la suggestion de Tamim et il lui a rappelé qu’il possédait aussi, s’il le fallait, quelques dossiers compromettants sur l’engagement français en Syrie. Les deux compères ont esquissé un sourire en pensant que tout se passerait bien, car Macron avait avant tout une vision économique des affaires et le reste était bien secondaire.
Que peut produire le trio Macron, Tamim, Erdogan, probablement pas grand-chose. Tactiquement tant pour l’assise d’Erdogan et que pour son allié le Qatar, cette visite est diplomatiquement essentielle pour expliquer à l’Europe et aux pays du Golfe que la Turquie et le Qatar discutent avec la France, ils ne sont donc pas seuls.