L’année 2018 sera bien différente de ce qui était prévu à cause du boycott et de la situation générale dans le Golfe.
Dégradation de l’ambiance économique et manque de visibilité à moyen terme
Lorsque on observe ce qui se passe dans le Golfe persique on a tendance à se dire, finalement le Qatar s’en sort pas trop mal face au boycott qui date du 5 juin 2017. L’économie ne s’est pas effondrée, les conservateurs n’ont pas déstabilisé le pays et toute idée de conflit armé à l’air de s’éloigner. Pourtant, malgré les propos du ministre des affaires étrangères de l’Arabie saoudite qui indiquait récemment que cette crise avec le Qatar a peu d’importance, les grands acteurs économiques internationaux restent sur leur réserve.
Ce qui pèse le plus et qui malmène l’ambiance générale est bien l’incertitude sur la durée et l’intensité de cette crise. L’incapacité pour les protagonistes à trouver une solution à leur différent montre les réelles faiblesses des pays concernés à clore une situation préjudiciable pour tous.
La finance internationale observe avec attention les grands agrégats économiques, mais tient compte aussi de l’ambiance générale dans le Golfe persique et aux alentours. Or, la guerre au Yémen s’enlise et les missiles contre l’Arabie saoudite pourraient accentuer un mal être. La révolution interne entreprise par Mohammad bin Salman peut-elle échouer et du coup laisser les Emirats arabes unis seuls face au Qatar et son allié inconditionnel, la Turquie ? Depuis quelques heures, le renforcement des troupes turques au Qatar, même si pour l’instant le nombre global est minime, vient compliquer un peu plus la situation et participe à la dégradation de l’ambiance générale dans le Golfe. On peut considérer qu’Erdogan est le stratège 2017 dans cette partie du monde. Ceci annonce un probable retour en force des Frères Musulmans.
Le seul élément positif pourrait être la remontée du prix du baril de pétrole permettant de dégager quelques marges pour combler les déficits et peut être d’en redistribuer une partie aux citoyens. En cette année 2017 les populations ont été mises à contribution et cela pourrait durer en 2018. L’incompréhension entre le Qatar et le quartet des boycotteurs est bien plus grave que certains l’imaginent. Ce que les populations de ces pays acceptent mal, c’est bien l’incapacité à s’entendre entre pays arabes, partageant les mêmes valeurs sur de nombreux points.
Lorsque les citoyens du Golfe comptabilisent les milliards engloutis dans l’armement et l’instabilité croissante qui se développe, ils pourraient bien, à la suite d’une étincelle, réanimer les « Printemps arabes, version 2 » et pratiquer un dégagisme sanglant que chacun à bien du mal à imaginer en ce moment.
Cette ambiance et ce manque de visibilité à moyen terme est dommageable à tous les acteurs du Golfe persique.