Alors que les USA et le Qatar ont signé un accord pour lutter contre le financement du terrorisme, avec contrôle sur place à Doha par une équipe américaine, cela n’a pas eu comme effet de désamorcer la crise en cours dans le Golfe persique, pourquoi ?
Les alliés des Etats Unis se montrent plus prudents
C’est le cas au Moyen Orient et en particulier dans le Golfe où se déroule une crise depuis plus de 6 mois entre l’Arabie saoudite, le Bahreïn, les Emirats arabes unis et l’Egypte contre le Qatar. Le recul aidant, on sait maintenant que le président américain Donald Trump est celui qui non seulement ne s’est pas opposé à l’envie des saoudiens et émiratis d’en découdre avec le Qatar, mais il a franchement contribué à favoriser cette action. Chacun se souvient des propos incendiaires du président américain contre le Qatar sur son compte Twitter au début de cette crise.
Vers fin septembre 2017, au moment de l’Assemblée générale de l’ONU, l’émir du Tamim bin Hamad al Thani se félicitait de l’engagement du président des US à contribuer à mettre fin au boycott que subissait le Qatar par le quatuor arabe. Trois mois plus tard, la crise continue et la fin du tunnel n’est toujours pas en vue.
Parmi les nombreux reproches du quartet envers le Qatar, il y a celui du financement de l’extrémisme voire du terrorisme. Les saoudiens et émiratis en particulier, souhaitent mettre fin au financement officieux de certains organismes qui pouvaient alimenter des groupes extrémistes et par un système de vases communicants le terrorisme. Or, ceci n’est possible que si l’ensemble des pays du Golfe cesse d’approvisionner ces organismes. Tout porte à croire que le quatuor n’avait pas confiance dans la parole qatarienne.
Alors les USA, ou plutôt le Secrétaire d’état aux affaires étrangères et celui de la défense ont signé un accord avec le Qatar pour lutter contre le financement du terrorisme, avec contrôle sur place à Doha par une équipe américaine. Pourtant, cela n’a pas eu comme effet de désamorcer la crise en cours dans le Golfe persique. Le fait est que l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis n’ont pas plus confiance dans la parole américaine que celle du Qatar, capables à leurs yeux, l’un et l’autre, d’une absolue duplicité.
Comble de l’ironie, la France souhaite à son tour signer avec le Qatar le même type d’accord que les américains. Ce qui vient à dire clairement que la parole américaine n’a plus la même valeur que jadis. On peut s’interroger pour savoir si un nouvel accord pour le lutter contre le financement du terrorisme entre la France et le Qatar aurait plus de valeur aux yeux du quartet ? Il est fort à craindre que malheureusement, la parole de la France dans le Golfe persique n’ait pas plus de valeur que celle des USA et que cela n’apporterait aucun élément permettant de résoudre une crise de confiance inscrite dans la durée. Il faut reconstruire les fondamentaux pour que la confiance revienne, or il est à craindre que les deux parties ne souhaitent pas perdre leur temps à trouver l’impossible solution.
La crise devrait logiquement se poursuivre à court et moyen terme et les deux parties doivent s’habituer à vivre côte à côte en s’éloignant politiquement chaque jour un peu plus.