Les éléments qui ont activé la crise entre l’Arabie saoudite, le Bahreïn, les Emirats arabes unis et l’Egypte contre le Qatar ont- ils disparu ou ont-ils été résolus ?
Il faut commencer à se reparler en direct
S’il fallait résumer les demandes du quatuor qui a initié la crise, commencée le 5 juin 2017, contre le Qatar on pourrait écrire :
Lutte contre le financement du terrorisme
Guerre des médias
Personnalités indésirables au Qatar
Politique étrangère du Qatar notamment envers l’Iran et la Turquie…
Sur ces quatre éléments, des progrès ont été accomplis uniquement sur le premier point, notamment avec l’accord, sur la surveillance du financement du terrorisme, entre le Qatar et les USA. Sur le reste, rien n’a vraiment évolué, le Qatar se réfugiant derrière sa souveraineté et n’entendant pas les craintes du quatuor.
En outre, l’élément déclencheur de la crise, Donald Trump est aux abonnés absents, empêtré dans ses problèmes internes et dans la gestion de son ego.
Les rêveurs, qui attendent comme par miracle la fin de cette crise à l’issue du sommet du Conseil de Coopération du Golfe du 5 et 6 décembre 2017, trouveront sans doute cet événement inutile, quant à ceux qui croient qu’avec le temps et de la patience, un accord pourra être trouvé, ils jugeront cette rencontre nécessaire.
Nous considérons, que le temps est venu de se parler en direct sans forcément chercher à faire la UNE des médias. La situation est telle dans le Golfe que les populations pourraient bien se lasser des confrontations qui désormais impactent les familles et les tribus dans tous les pays de ce territoire.
MBS agitateur politique dans le Golfe
Sur le fond, dire que la vision antagoniste du futur désirable dans ces pays est éloignée et une vaste plaisanterie. Il n’est pour l’instant, aucun de ces pays qui aspire à donner la parole à son peuple et surtout pas le Qatar chez lui, nous l’avons vu au moment des « printemps arabes ».
Et pourtant, les pays du Golfe n’ont pas 200 ans devant eux pour s’immiscer dans la mondialisation, tout au plus une vingtaine d’années, à chaque jour qui passe, ils prennent du retard.
Mohammed ben Salmane l’a bien compris et s’est transformé en agitateur politique dans son pays. Mais là encore, à vouloir s’ingérer dans les affaires du Yémen, comme par le passé, sans chercher à trouver un équilibre entre les peuples du Yémen, s’est se fourvoyer dans une guerre sans fin, dans un pays où il ne peut y avoir de victoire militaire comme l’histoire le démontre.
Comme le Qatar au moment des printemps arabes, MBS ne pratique pas ce qu’il dit. Or, quel que soit l’âge du dirigeant du pays, les peuples aspirent partout dans le monde, à un minimum de constance entre les propos et les actes. Dans le cas contraire, tant au Qatar qu’en Arabie saoudite, les peuples pourraient bien pratiquer le « dégagisme, » même si dans des pays au commandement autoritaire ceci est plus complexe et se termine souvent dans un bain de sang.
L’heure est à la discussion et à la reconstruction de la confiance entre les saoudiens et les qatariens, ceci oblige à mettre fin à un double langage permanent, ce dont le Qatar est le champion.