La lecture du livre de Razavi sur le Qatar confirme ce que certains visiteurs nous avaient indiqué, le sursaut de la jeunesse qatarienne pour investir le secteur privé n’aura pas lieu. Il faut un choc culturel pour relancer la machine qatarienne.
La nonchalance des jeunes qataris est mortelle
En novembre 2016, l’émir Tamim al Thani prononçait un important discours pour l’ouverture de la 45e session de l’Advisor Council. Il fixait le cap pour le Qatar à court et moyen terme, 2017 – 2022. Une expression de l’émir avait particulièrement attiré notre attention “… when I see billboards on the streets that read: « Qatar deserves the best », I say it would be more correct to read: « Qatar deserves the best from its citizens”.
A la veille de finaliser le plan quinquennal 2017-2022, l’émir avait pris conscience qu’il fallait mobiliser bien plus les qatariens. L’élite qui dirige le pays va tout droit vers un « burn-out », le partage des responsabilités, mais surtout l’engagement de l’ensemble des qataris devient crucial.
Or, en lisant le livre d’Emmanuel Razavi, « Qatar vérités interdites. Un émirat au bord de l’explosion, » celui-ci considère que le sursaut n’a pas eu lieu. Le Qatar, c’est « le royaume de l’indolence » dit-il dans son livre et dans un article publié, ce jour par le média Atlantico. « Ceux qui reviennent d’un long séjour d’études en Occident se sentent souvent déboussolés. A leur retour, on leur demande de contribuer au développement des entreprises du pays, mais ils font face à l’indolence endémique de leurs concitoyens. Car dans cet émirat, où la rente gazière profite largement à la population, travailler est loin d’être un réflexe naturel. Le Qatar, c’est « le royaume de l’indolence ».
Le constat d’Emmanuel Razavi est-il inexorable ? Pour réussir la mobilisation totale des qatariens, il va bien falloir que l’émir s’engage et à force de vouloir contenter tout le monde, il va exploser en vol. Puisque on pousse le Qatar vers l’extérieur du Golfe, l’opportunité de trancher dans le vif n’est-elle pas venue ? A vouloir vivre dans deux mondes simultanément, on finit par être rejeté par tous.
La seule chance de l’émir est de remettre le « fait religieux à sa place ». Il doit laisser une chance aux progressistes de sauver le Qatar, faute de quoi, Razavi aura raison et le château de sable qatarien s’effondrera.