Le plus célébré prisonnier politique de Djibouti de ces dernières années, après sa mort, vient d’être enterré au PK 12. Pourquoi le gouvernement djiboutien ne donnera pas suite à une enquête sur les causes de sa mort ?
Le gouvernement djiboutien sait parfaitement comment est mort Jabha
Mohamed Ahmed Edou dit « Jabha » est décédé le Mardi 1 er Août 2017 à 16 h à l’hôpital Peltier de Djibouti où il était hospitalisé depuis son transfert, une semaine auparavant, de la sinistre prison de Gabode. Les circonstances de son décès restent désormais non élucidées pour le citoyen ordinaire de Djibouti mais pas pour le gouvernement de ce pays. Alors qu’il vient d’être enterré au PK12, il est probable que les responsables politiques djiboutiens ne donnent aucune suite à la demande d’autopsie du corps, car ceci pourrait se retourner contre eux.
L’Organisation Mondiale Contre la Torture (OMTC) a dénoncé à plusieurs reprises les conditions dramatiques de cette détention arbitraire, « M. Mohamed Ahmed dit « Jabha » ayant « été privé de nourriture durant 10 jours et subi de nombreux actes de torture, entre autres, des simulations d’exécution ».
Son avocat Bérenger Tourné parlait de « traitements inhumains infligés lors de sa mise au secret qui se sont poursuivis depuis son placement en détention à la prison de Gabode. »
La liste est longue de ceux qui se sont émus de cet emprisonnement avant tout politique, en premier lieu sa famille qui a vu disparaître Jabha, le 3 mai 2010, pour enfin le retrouver parmi les prisonniers de Gabode.
Une émotion pourtant qui n’a pas permis la libération de cet homme qui avait simplement voulu empêcher un viol d’une femme enceinte. Mais malheur pour lui, il était militant politique d’opposition donc condamné d’avance.
Djibouti est un pays où de nombreux organismes internationaux travaillent inlassablement pour remédier à la pauvreté du plus grand nombre. Djibouti est aussi le siège de nombreux corps militaires qui sont installés pour assurer les intérêts de leurs pays dans cette partie stratégique du monde. La présence française reste pour un temps encore assez importante, avant que la Chine ne prenne la relève.
Tous ces organismes ou tous ces pays ayant des militaires à Djibouti ont appris un geste qu’ils répètent tous les jours, « détourner la tête des problèmes politiques locaux ». Que pèse un être humain, cent ou mille face à des intérêts économiques ? Nous avons avec la mort de Jabha, la réponse à cette question !