Quel impact aura la crise commencée le 5 juin 2017 dans le Golfe sur les finances du Qatar pour l’année 2017 et au-delà ?
Visibilité réduite pour le ministre des Finances du Qatar
Le budget du Qatar pour cette année 2017 sera mis à rude épreuve, car face à une situation imprévue, il est souvent complexe de faire les bons ajustements. Ainsi, cette crise inattendue avec la mise en place du boycott terrestre, maritime et aérien a forcément un coût pour le pays et peut créer une inquiétude à court terme. Il y a déjà des signes qui montrent la nervosité des étrangers, les dépôts des non-résidents ont fondu de 7,6%, soit 3,8 milliards de dollars, au mois de juin 2017. Pourtant, alors que le Qatar rentre dans le troisième mois du boycott, il n’y a pas de pénurie de liquidités et ce pays peut s’approvisionner sur le marché financier international sans grande difficulté.
Le premier rendez-vous important aura lieu vers octobre, au moment où le ministère des finances présentera les résultats prévisionnels de 2017 et le budget 2018. Il est fort probable que les 28.3 milliards de QAR de déficit prévus, soient bien plus importants si ce boycott continue, ce qui semble être le cas. Chacun se souvient qu’en 2016, le Qatar avait subi un déficit de 46.5 milliards de QAR, le premier depuis quinze ans. Il est possible que le déficit pour 2017 soit de l’ordre de 42.3 milliards soit un surcoût de 14 milliards de QAR à cause du boycott, environ 2 milliards par mois.
En attendant, le Qatar prend des mesures pour remédier à la hausse de ses importations et il faut compter sur la ténacité des commerciaux qatariens pour réduire la facture.
En matière de recettes, les annonces concernant une éventuelle augmentation de la production du gaz ne sont pas pour demain ainsi qu’une augmentation du prix du pétrole. Notons aussi la complexité des livraisons pour deux clients du Qatar, les Emirats arabes unis et l’Egypte, membre actifs du boycott, les livraisons vont- elles continuer et le paiement se fera- t-il ? L’affaiblissement virtuel du Qatar, aura- t-il, d’une manière générale, un impact sur la négociation des prochains contrats en cours. Il faut observer la position du Japon qui est le client numéro 1 du Qatar, ce pays voulait négocier, avant la crise, son prochain contrat alors que l’échéance est dans 4 ans, profitera- t- il la situation alors que déjà la concurrence frappe à sa porte ?
Pour le ministre des Finances du Qatar, prévoir l’avenir de son pays devient difficile, nous verrons bien au moment de l’annonce du budget 2018, comment il interprète les différents signaux dont il dispose et s’il arrive à rassurer les agences de notations et le marché financier international.