Tamim bin Hamad al Thani, émir du Qatar a théorisé les sources du terrorisme et à chaque discours il assène sa théorie comme il vient de le faire encore le 21 juillet 2017.
Le terreau du terrorisme selon Tamim bin Hamad al Thani, émir du Qatar
En lisant ce matin un article de l’Observatoire du Qatar, je me suis demandé si l’auteur de ce site qui est un expert du Qatar avait bien lu ce qu’il a écrit. Extrait du discours de l’émir Tamim bin Hamad al Thani, « Elément important du discours : souhaitant pointer les responsabilités de chacun dans son émergence et éviter les amalgames douteux, il a tenu à préciser que la religion ne pouvait être considérée comme le moteur du radicalisme. C’est le contexte social, l’omniprésence de l’injustice et l’absence d’ouverture démocratique qui font le lit des organisations terroristes et c’est sur ce registre qu’il faut concentrer les efforts si l’on souhaite réellement l’éradiquer. »
Ce n’est pas la première fois que l’émir du Qatar tient cette théorie, dès 2014, lors d’une interview à CNN il déclarait la même chose. Poussons la théorie et appliquons là au Qatar.
Le contexte social : depuis de nombreuses années la presse internationale et notamment depuis 2011, elle relève les manquements en matière du droit du travail certains parlant même d’esclavagisme moderne. La privatisation de la Sécurité sociale locale montre que des retours en arrière sont possibles même sur des sujets vitaux. Sans oublier que près de 80 000 employés de maison n’existent même pas en droit du travail…
L’omniprésence de l’injustice : Nous ne parlerons pas des inégalités entre qataris et expatriés car elles sont trop criantes, mais simplement de la justice au quotidien pour les 90 % de la population totale du Qatar que sont les expatriés. Les exemples relevés par les institutions internationales et par les nombreux expatriés qui ont quitté le territoire pouvant parler librement, sont sans appel, la justice du Qatar n’est pas à la hauteur de sa tâche et trop dépendante du pouvoir. On emprisonne trop souvent sur simple dénonciation et si vous n’avez pas de famille vous pouvez pourrir dans une des prisons qataries…
L’absence d’ouverture démocratique : à part des élections municipales rien d’autre n’existe au Qatar. Alors que des élections législatives étaient prévues, l’émir actuel avait demandé à son père de les reporter à une date inconnue.
Nous pourrions pendant des heures vous parler de ces trois sujets et même écrire des livres. Si on appliquait la théorie de l’émir, au Qatar il y aurait le plus grand terreau du terrorisme !
Tout tourne autour de la notion de vérité
Nous ne partageons pas la théorie de l’émir Tamim bin Hamad al Thani. Si ces trois éléments concourent à développer un terrain favorable, le radicalisme se nourrit avant tout de religion. Tout tourne autour de la notion de vérité. Si vous croyez avoir atteint cette notion, dans le meilleur des cas vous voulez la partager, dans le pire vous voyez des ennemis dans ceux qui ne la partagent pas. Il n’est pas aisé d’admettre ce que les français appellent la « laïcité,» c’est-à-dire la possibilité de vivre sa foi mais aussi de ne pas croire en Dieu. Il est d’une grande angoisse d’admettre que pour certains « Dieu n’existe pas ».
La grande difficulté quand on veut éradiquer le terrorisme est de faire la bonne analyse. On peut signer tous les accords et traités pour combattre le terrorisme, mais si on n’appréhende pas ce terrible problème dans tous ses aspects, on se retrouve dans la situation de vouloir vider l’océan en utilisant une cuillère à soupe.
L’émir du Qatar, Tamim bin Hamad al Thani a le mérite de réfléchir au combat contre le terrorisme ce qui est loin d’être le cas de tous. Certes sa théorie est erronée, mais il est homme et dirigeant à vouloir progresser, son drame c’est qu’il est mal conseillé !
Une lectrice, ce matin me disait, en parlant de l’avenir du Qatar, «Ça va être un sacré défi ! Mais le Prince Tamin est jeune, alors il est permis de tout espérer. »