Le Qatar ne peut accepter le point 3 des six principes édités par les boycotteurs car il renoncerait à sa souveraineté. Si chaque partie de la crise du Golfe a fait un pas vers l’autre l’essentiel reste à faire.
Les boycotteurs du Qatar ne tiennent pas compte du nouveau rapport de force tissé depuis 2013
Le Qatar donne des gages à ses voisins qui passent de 13 demandes très précises à 6 grands principes. Or ce qui va poser problème est le point 3 de ces principes : « Engagement total envers l’accord de Riyad 2013 et l’accord complémentaire et son mécanisme exécutif pour 2014 dans le cadre du Conseil de coopération du Golfe pour les États arabes. »
L’accord de 2013 et ses suites est le paiement cash de l’aide du Qatar aux printemps arabes, perçu comme une tentative de déstabilisation de la région MENA. Non seulement l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis poussèrent dehors l’émir du Qatar, Hamad bin Khalifa al Thani, mais en autorisant le remplacement de celui-ci par son fils Tamim bin Hamad al Thani, ils imposèrent des conditions qui étaient inacceptables pour le Qatar. Tamim n’acceptera jamais de se soumettre à la ligne unique décrétée par l’Arabie saoudite, nous parlons là bien d’une perte de souveraineté, notamment en matière de politique étrangère. Depuis 2013, l’émir Tamim a tissé un nouveau rapport de force qui a démontré son efficacité, à partir du 5 juin 2017. Or les boycotteurs font semblant de ne pas le reconnaître.
Il faut faire table rase de ce passé et se mettre autour d’une table afin de négocier sans vouloir imposer au Qatar l’inacceptable. S’il est possible de discuter sur les 5 autres principes édités par l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn et l’Egypte, le Qatar refusera de se soumettre à une perte de son indépendance politique en acceptant un rapport de force de la part des 4 boycotteurs qui n’existe plus.
Pour rappel, voici le 6 principes :
- Engagement à combattre l’extrémisme et le terrorisme sous toutes ses formes et à empêcher leur financement ou la fourniture de lieux de refuge.
- Interdire tous les actes et les formes d’expression qui propagent, incitent, favorisent ou justifient la haine et la violence.
- Engagement total envers l’accord de Riyad 2013 et l’accord complémentaire et son mécanisme exécutif pour 2014 dans le cadre du Conseil de coopération du Golfe pour les États arabes.
- Engagement envers tous les résultats du sommet arabe-islamique-américain, tenu à Riyad en mai 2017.
- S’abstenir de s’ingérer dans les affaires intérieures des États et s’abstenir de soutenir les entités illégales.
- Responsabilité de tous les États de la communauté internationale de faire face à toutes les formes d’extrémisme et de terrorisme telles que les menaces pour la paix et la sécurité internationales.