Le Qatar veut montrer qu’il a un avenir

Jusqu’ici tout va bien, se répète en boucle le Qatar, mais depuis le 5 juin 2017 sont avenir est-il encore dans ses mains ?

Le gouvernement qatarien veut provoquer un choc de confiance

Tout est fait depuis quelques heures, pour rassurer la population du Qatar mais aussi à l’étranger. La visite annoncée en France en fin d’été, ou l’annonce de Qatar Petroleum (QP) d’augmenter sa production de GNL 30 %, tout va dans le même sens et il y aura de nombreuses autres annonces. Des annonces de nature politique pour produire un choc de confiance.

Mais la question est sur la table, l’Arabie saoudite ira- t-elle au bout, ou tout cela n’est que poudre de « perlimpinpin.» Le Qatar a- t-il encore un avenir ?

Il y a un peu plus de 4 ans, en avril 2013, Nicolas POINCARE d’Europe 1 animait un débat ayant comme titre A QUOI JOUE LE QATAR ? Il avait invité pour l’occasion :

Agnès LEVALLOIS : consultante, spécialiste du monde arabe, qui a dirigé le dossier Qatar : jusqu’où ?  Paru dans la revue Confluences Méditerranée.

Marc SAGHIE : Marc Saghié, chef du service Moyen-Orient de Courrier international. A coordonné le dossier A quoi joue le Qatar ?

Jacques Marie BOURGET : Journaliste, a écrit avec Nicolas Beau « Le vilain petit Qatar. »

Karim SADER : est politologue et consultant, spécialiste du Moyen-Orient et du Golfe arabo-persique.

Avec des intervenants de ce niveau, le débat fut intéressant? Je souhaite vous faire partager la conclusion d’Agnès LEVALLOIS :, telle que je l’ai perçu. Le Qatar est passé d’un rôle de médiateur à celui de participant aux actions. La crédibilité du Qatar même dans les promesses de fonds devient moins visible, car souvent cela se transforme pour ces pays en difficultés, par des prêts à des taux loin d’être amicaux. Le Qatar donne l’impression de vouloir intervenir de partout et il finira par se prendre les pieds dans le tapis. Et le tout s’effondrera comme un château de cartes. L’Arabie saoudite reprendra son rôle de leadership.

 

Les dirigeants du Qatar atteints d’autisme par intermittence

Depuis avril 2013 nous suivons la vie du Qatar, jour par jour et après avoir observé avec attention et ouverture d’esprit ce pays, nous sommes arrivés à la même conclusion qu’Agnès LEVALLOIS. Le Qatar s’éparpille à l’extérieur en oubliant sa propre population.

Les qatariens de la classe moyenne, les plus nombreux, sont les grands oubliés de la réussite du Qatar qui va vers un capitalisme inégalitaire qui fissure fortement les 300 000 qataris de souche.

Et que dire de l’impulsion démocratique imaginée par l’émir Hamad qui avait annoncé une élection législative sans cesse reportée ? Même un média comme Doha News s’est vu muselé car il osait donner la parole aux qatariens. Le Qatar est dirigé par un commando qui confond entreprise et état.

Et que dire de la justice qatarienne qui enferme des expatriés sans aucun procès équitable pour satisfaire quelques puissants qataris avides d’argent ou quelques ambassades aux comportements indignes. Le cas de notre ami Jean Pierre Marongiu, un entrepreneur français est parlant. Emprisonné injustement depuis septembre 2013, ce père de famille a été privé de liberté pour satisfaire les délires de quelques français résidents au Qatar et de qataris qui auraient mérités la prison à sa place.

Sur un dossier aussi simple, l’émir Tamim a été incapable de prendre une décision d’expulsion. Des exemples comme celui-ci se comptent par dizaines dans les prisons de Doha. L’argent pourri les bases du Qatar et les dirigeants de ce pays, le voient sans réagir, ils se satisfont des statistiques internationales effectuées par des aveugles de la vie quotidienne.

Alors que les dirigeants qatariens ont abandonné le « Qatar intérieur,» l’émir en personne théorise à la tribune de l’ONU les fondements du terrorisme international. Il dit avec force qu’il est engendré dans les banlieues de grandes villes du monde, nourri aux inégalités grandissantes.

Le terrorisme est sans doute un produit du capitalisme, les personnes n’ayant plus d’espoir n’ont plus rien à perdre. Et d’aucuns, depuis longtemps, utilisent cette détresse pour manipuler ces hommes, femmes et adolescents pour en faire des combattants de leur vision du monde. Le terrorisme n’est pas le lot d’une religion ou d’une idéologie en particulier, il est l’arme utilisée par ceux qui croient détenir la vérité absolue. Ces grands manipulateurs ne sont pas seulement dans le Golfe arabique.

La crise déclenchée ce 5 juin 2017 par l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn et l’Egypte, contre le Qatar, n’a rien à voir avec la lutte contre le terrorisme, c’est bien le retour d’un leadership des saoudiens dont il est question. Alors que le Qatar était sur la bonne voie pour échapper à cette étreinte mortelle de l’Arabie saoudite, en s’ouvrant à la planète, pour peser sur une parcelle du pouvoir mondial tant qu’Hamad que Tamim, émirs du Qatar, n’ont pas hésité à sacrifier leur peuple.

Des voix pourtant se sont élevées, pour notre part, nous avons produits des dizaines d’articles, pour alerter les autorités qatariennes de ce qui semblait inévitable. Les dirigeants du Qatar atteints d’autisme par intermittence, croyant approcher la vérité, conseillés par des « malandrins de haute volée,» se sont répétés en boucle, « jusqu’ici tout va bien.» Depuis le 5 juin 2017, ce qu’ils croyaient être une élévation s’est transformée en chute brutale. Abasourdis d’abord, ils essaient de faire face à la qatarienne, se croyant encore invincibles.

Désormais leur destin n’est plus entre leurs mains, lâchés sans doute par les américains, il reste un mince espoir, si l’axe Ankara, Téhéran, Moscou, juge que le Qatar peut être encore utile, ils sauveront ce pays des griffes saoudiennes. Le prix à payer sera exorbitant pour le Qatar.