En interrogeant un ressortissant de Djibouti, je lui ai demandé ce qu’il pensait de la république de son pays, sa réponse m’a surpris, alors il m‘a envoyé ce texte pour expliquer ce qu’il appelle l’émirat de Djibouti. Pas situé dans le golfe arabique, pas de pétrole, ni de gaz, du moins ce qu’on sait pour l’instant, mais géré tout comme !
Le système est de plus en plus vorace
Le système djiboutien est une structure familiale composée de courants antagonistes voire ennemis dont le seul point commun est le président Guelleh lui-même. Si, Djibouti est encore classé dans la catégorie des républiques, c’est absurde! Vu que la gestion politique et économique du pays est dans les mains d’une seule famille régnante.
Pour vivre à Djibouti, il vaut mieux être expatrié, étranger ou avoir des liens solides avec la famille du président. Les ministres, comme les directeurs sont en majorité issus de la famille ou mariés à des personnes issues de la famille. Difficile d’installer son entreprise lorsqu’on n’a pas quelqu’un de la famille qui vous coopte. A l’instar des monarchies du Golfe, la famille régnante coopte la moindre entreprise qui souhaite s’installer à Djibouti.
Ce que les émirats du Golfe ont compris, donner un peu à leurs ressortissants pour avoir une certaine tranquillité, a été remplacé à Djibouti par une terreur physique et psychologique. On pourrait citer des centaines de cas comme :
- l’histoire de cet entrepreneur italien au bord du suicide qui se retrouva un jour à signer un chèque en blanc pour satisfaire le coup de fil d’un haut dignitaire du régime,
- celle de ce directeur français d’une entreprise fantôme djiboutienne « la laiterie de Djibouti » qui se retrouve devant la justice avec accusation de détournement de fonds pour avoir réclamer son dû, son salaire…
Les exemples sont nombreux, mais à Djibouti, le silence règne !
Il faut également se souvenir de ce directeur d’une banque étrangère qui se suicide avant la fermeture de sa banque. A- t-il été victime lui aussi du coup du chèque en blanc ou d’autres stratagèmes qui créent la servitude des expatriés ?
Pour les djiboutiens la tâche est beaucoup plus compliquée sans liens familiaux. Même les fervents défenseurs ou supporteurs du régime se retrouvent du jour au lendemain de l’autre côté de la barrière et leurs biens accaparés. Combien des jeunes djiboutiens se sont suicidés ou fuient le pays après avoir subis un pillage de leur projet entrepreneurial par des caciques du régime ? Le suicide ou la mort inexpliquée, est très répandue dans les rangs de l’opposition djiboutienne, des hauts cadres militaires ou civils récalcitrants.
A Djibouti, l’écriture est l’ennemie numéro 1 du système
L’administration djiboutienne est gangrenée par la corruption au point qu’il n’existe quasiment pas des fonctionnaires non corrompus. Le seul secteur dans l’administration qui échappe en partie à cette corruption tentaculaire, est celui de l’enseignement et encore ! La corruption est érigée en système, en mode de fonctionnement administratif, on ne gravit pas les échelons administratifs sans tremper dans la corruption ou le détournement de fonds publics, l’autre sport favori du pays. Pour éviter de laisser des traces compromettantes, le système a choisi, « la gestion par coup de fil ». Tout est traité par téléphone. Et, l’ardoise sera pour celui qui traduit les ordres téléphoniques en une demande écrite.
Pour nourrir le système il faut de plus en plus de moyens ou de terreur. Sous l’œil bienveillant de la planète entière, l’opposition est bâillonnée, emprisonnée, parfois décimée L’édifice djiboutien tient encore debout car le président et son ombre tiennent d’une seule main de maître le pays. Combien de temps cela peut durer ? La santé du président est chancelante et les requins familiaux et familiers rodent pour se partager la proie.
Ceci est une autre histoire dont nous vous parlerons prochainement.