Si les saoudiens et les émiratis demeurent incompris sur le conflit qu’ils ont initié dans le Golfe, l’autisme du Qatar en matière de politique étrangère a participé au drame que vivent les populations de ces pays.
Les dirigeants des pays du Golfe ne sont pas à la hauteur de leurs responsabilités
Depuis le 5 juin 2017, les populations des pays du Golfe se demandent ce qui leur arrive. Des familles divisées, des emplois perdus, un avenir incertain tout cela pour un combat de coqs en difficulté d’ego.
- Comment peut-on pendant le mois du Ramadan avoir un tel comportement quand le monde entier vous regarde ?
- Comment peut-on le 4 juin au soir se coucher en étant pays frères et se réveiller le 5 juin au matin en ennemis remplis de haine ?
- Comment peut-on laisser un président américain mettre un tel bazar…
Le Qatar n’a rien compris aux américains
Les états et les entreprises européens commencent à comprendre que travailler aux Etats Unis d’Amérique ce n’est pas une sinécure. Très régulièrement les grandes sociétés se font piller leurs avoirs car elles doivent faire face à une justice qui semble trop enclin à défendre avant tout les intérêts américains. Le Qatar qui se vante d’être le plus grand investisseur à New York ne devrait pas tarder à subir à son tour une action juridique, d’aucuns cherchent la petite faille par laquelle s’engouffrer et ils finissent toujours par trouver. Mais comme cela ne va pas assez vite, le président Trump a décidé d’intervenir directement tel un éléphant dans un magasin de porcelaine. En donnant son feu vert au blocus du Qatar Trump pèse sur ce pays et le rappelle à la réalité.
Le Qatar malgré les dires de son émir, lors de son arrivée au pouvoir, il prônait l’humilité, n’a rien compris aux américains. Ce qui fait la force des entreprises étrangères travaillant aux USA c’est avant tout la compétence et l’humilité. Si le Qatar s’entoure assez souvent de cette compétence, il est connu pour ne pas être très humble.
Le Qatar a un véritable ennemi, le président Al Sissi
On pourrait disserter pendant des heures sur la prise de pouvoir d’Al Sissi en Egypte mais force est de constater qu’il a été élu comme le fut en son temps le président Morsi. On peut dire que les Frères Musulmans qui avaient fait gagner Morsi ont fortement contribué à leur propre échec, car ils n’avaient pas préparé cette prise de pouvoir et ils ont été abandonnés par Obama qui a laissé faire l’Arabie saoudite et ses satellites dont le Qatar ne fait pas partie.
Le Qatar n’accepte toujours pas l’arrivée au pouvoir d’Al Sissi. Le président égyptien ne fait rien non plus pour arranger les choses, car il n’accorde aucune confiance aux qatariens en particulier depuis que la Qatar a conclu une alliance avec les turcs. Les saoudiens et leurs satellites, grands financiers des égyptiens, ne font pas le nécessaire pour que cette situation évolue, pire à ce jour, le Qatar a un véritable ennemi, Al Sissi.
Faut-il s’étonner de voir l’Egypte aux côtés de l’Arabie saoudite et des Emirats Arabes Unis pour contester la politique étrangère du Qatar ?
En France le Qatar se met en danger
Après avoir mis le bazar dans le sport télévisuel grâce à beIN Sports, voilà que le Qatar veut monter au capital de Lagardère. Or, à vouloir augmenter sa participation chez Lagardère SCA, la filiale de Qatar Investment Authority, Qatar Holding LLC, risque de mettre le feu aux poudres.
Des milliers de français réclament la libération de Jean Pierre Marongiu, cet entrepreneur dépouillé de son entreprise et injustement retenu en prison. La pitoyable attitude de la diplomatie française à Doha abandonnant lâchement ce concitoyen n’excuse pas les dirigeants qatariens qui montrent leur incompétence. Sont-ils capables d’imaginer un instant les dégâts que cela occasionne auprès d’une partie de la population française ? Cette population française qui n’a pas bougé le petit doigt pour condamner le blocus du Qatar !
L’émir du Qatar et le président turc
Si le projet « Tamkine » des Frères musulmans a été travaillé en Suisse où résident de nombreux savant de la Confrérie, il fallait un homme capable d’accepter un destin peu ordinaire, pour convaincre Erdogan de porter ce projet. Le jeune émir du Qatar fut envoyé en son temps pour faire alliance. Un grand pays comme la Turquie, un argentier comme le Qatar, malgré la crise des hydrocarbures, et la force de la Confrérie des Frères Musulmans dans les pays du Moyen Orient et au-delà, l’ensemble devient consistant. Erdogan connaît sans doute la citation de Jeremy Kitson « Le destin n’est pas une question de chance, c’est une question de choix. Ce n’est pas une chose à être attendu, il est une chose à atteindre. »
Pour soutenir la Turquie, sans retenue, nous avions annoncé que le Qatar aurait un prix élevé à payer auprès de la communauté internationale et en particulier auprès des autres pays du Golfe, l’Arabie saoudite en tête. Ou sont-ils ses milliers de soldats qui devraient être déjà sur le sol qatarien pour assurer sa sécurité ? Erdogan est un « fourbe » et presque aussi imprévisible que Trump .
Conclusion provisoire
L’émir Tamim bin Hamad al Thani ne tient plus compte depuis de longs mois, de ce qui est arrivé à son père l’émir Hamad qui fut obligé de démissionner à cause de sa politique étrangère, notamment à la suite des « Printemps arabes ». Le jeune émir du Qatar a cru donner des gages aux saoudiens en montrant une image plus conservatrice, alors que sa population aspire au progrès. Son père Hamad avait compris qu’il n’y avait qu’une seule voie possible au Qatar pour survivre, se mêler à la société internationale et s’y fondre. En voulant changer de cap il s’est isolé du reste du monde et il est tombé dans les griffes de ceux qui n’ont jamais accepté que le Qatar soit un émirat à part ou comme les saoudiens que ce pays n’est qu’une province de l’Arabie saoudite.
Si les saoudiens et les émiratis demeurent incompris sur le conflit qu’ils ont initié dans le Golfe, l’autisme du Qatar en matière de politique étrangère à participé au drame que vivent les populations de ces pays.