Le Qatar est plus une énorme entreprise qu’un véritable état, les saoudiens et les émiratis ne se sont pas donné les moyens de réussir leur action puisque les dirigeants qatariens sont toujours là. Déjà les américains se divisent et l’Iran se réveille après deux attentats sur son sol.
Trump le binaire avait besoin d’un coupable immédiat et d’un ennemi à moyen terme
Incapable de comprendre la complexité de ce qui se passe au Moyen Orient et en particulier dans le Golfe arabo – persique. Trump a désigné un ennemi commun à abattre à moyen terme, l’Iran et un coupable immédiat pour faire un exemple, le petit Qatar. Immédiatement les saoudiens et les émiratis qui attendaient cela ont agi. Sans doute par manque d’audace, l’Arabie saoudite et les Emirats Arabes Unis n’ont pas accompli la seule chose à faire pour mettre à genoux le Qatar, évincer ses dirigeants. Le Qatar est plus une énorme entreprise qu’un véritable état, une fois les dirigeants écartés tout le reste s’effondre.
Les saoudiens et émiratis viennent de perdre l’avantage de la surprise, les dirigeants qatariens s’organisent déjà pour faire durer le conflit. Déjà les américains se divisent et l’Iran se réveille après deux attentats sur son sol.
Trump avale son chapeau et appel à l’unité des pays du Golfe
Alors qu’il aura fort à faire pour sauver sa tête, puisque le chef du FBI va déclarer que Trump lui a demandé de laisser tomber une enquête en cours touchant à la Russie, le président américain contredit ses propos de la veille qui indiquaient se féliciter de l’isolement du Qatar. Après avoir joué au pyromane voilà qu’il rêve de devenir pompier et appelle à l’unité des pays du Golfe.
Ce matin l’administration américaine et notamment le Pentagone espère que le calme va revenir. Les militaires américains sont désespérés de l’attitude de leur président. Par des propos excessifs et enfantins, il pourrait détruire l’inlassable travail qu’ils font avec leurs collègues qatariens. Les généraux américains pèsent avec intelligence sur le Qatar, afin de tarir complètement le financement, par les voies de particuliers et d’ouvres caritatives, de groupes qui peuvent parfois se transformer en « terroristes.
Après les divergences au sein de la position américaine, ce sont les saoudiens qui parlent du Qatar comme un état frère. Même si l’Arabie saoudite débauche quelques pays d’Afrique pour rompre en tout ou partie les relations avec le Qatar, le conflit déclenché par les saoudiens n’a pas été préparé pour qu’il soit efficace. Une fois la surprise passé, on peut s’interroger ce matin, 8 juin 2017, quel est l’objectif réel de l’Arabie saoudite envers le Qatar et se demander si la formule du conflit choisit est la plus pertinente.
Il y aura à la fin de ce conflit des changements profonds
Le Qatar ne sera plus le même s’il survit et il va survivre à cette épreuve. En premier lieu il va renforcer son autonomie tant alimentaire qu’industrielle. Des changements importants auront lieu en matière de fournisseurs. L’attitude inacceptable du géant mondial des conteneurs Maersk qui vient décider de ne plus livrer le Qatar aura des conséquences incalculables pour cette entreprise.
L’évènement le plus lourd de conséquences sera la rupture des relations entre le Qatar et les Emirats Arabes Unis. L’attitude de « haine » développé par les émiratis envers les qatariens dépasse largement l’acceptable. Même la population émiratie a été surprise et choquée de l’attitude des dirigeants des Emirats Arabes Unis. Pour que cessent les soutiens au Qatar, les autorités émiraties ont été obligées de menacer de 15 ans de prison tous ceux qui soutenaient le Qatar. Il est probable que les Emirats Arabes Unis étaient prêts à une intervention militaire, mais les saoudiens ne pouvaient pas se le permettre au niveau internationale, car ils auraient perdu le peu de crédibilité qu’ils leur reste. Et puis avec plus de 2,4 millions de « boucliers humains » il n’est pas facile d’atteindre les quelques centaines de milliers de qatariens. Et enfin, les forces armées américaines d’al Udeid auraient- elle réellement obéi avec efficacité à un ordre du président Trump qui se décrédibilise chaque jour un peu plus ?…
Personne ne sait combien de temps ce conflit va durer. Il peut brusquement s’arrêter car il n’aboutira qu’à de médiocres réformes de la part du Qatar. Les qatariens s’ils résistent, y laisseront des plumes, mais pourraient finalement sortir plus grands qu’au soir du 5 juin 2017. Verra qui vivra !