Qatar, Marongiu écrit au président Macron

Photo de Marongiu produite par qatarinfos.net

Vous qui aujourd’hui représentez le peuple de France, vous êtes le second Président auquel j’écris du fond de ma cellule. 

Monsieur le Président

Si je le fais, c’est afin que vous ne puissiez prétendre, comme votre prédécesseur, n’être pas au courant de ma situation et de mon désespoir.

Encore que les bouteilles jetées à la mer de la sagacité politique atteignent parfois des rivages insoupçonnés. Sans doute que celles laissées aux grés des dunes du désert voyagent-elles moins loin.

Je suis injustement incarcéré au Qatar sans avoir pu faire valoir mes droits et abandonné par mon pays, depuis trois ans huit mois et quelques jours.

On m’a spolié de la société que j’avais créé avec les économies d’une vie, on m’a séparé de ma famille depuis plus de cinq ans, on m’a privé de ma liberté et jeté dans une fosse immonde au nom de la kafala, ce principe de la charia islamiste qui fait de tout étranger un esclave.

J’ai supplié Monsieur Hollande d’intervenir, j’ai quémandé le soutien de ses ministres, j’ai imploré l’assistance de la diplomatie française, j’ai alerté la presse. Je n’ai reçu en retour que silences gênés et mépris affiché.

On m’objecte la non-ingérence dans la justice d’un état souverain. Sauf que l’on n’y prête pas attention quand il s’agit de demander la clémence pour un supposé poète auprès de l’Émir du Qatar ou quand l’on dispense conseils et sanctions à la ronde au nom des droits de l’homme.

Récemment vous avez réclamé  au président Erdogan la libération d’un journaliste français et je m’en réjouis pour sa famille.

Suis-je moins français, moins innocent, moins important ?

Un écrivain et entrepreneur au Qatar a t’il moins d’humanité qu’un journaliste en Turquie ?

L’ingérence humanitaire ne s’applique t- elle pas à tout citoyen français et innocent ?

Je suis las et écœuré de cet emprisonnement injuste et plus encore révolté par le dédain de la France à mon égard. Néanmoins, et à tout prendre, je préfère croire à l’indifférence qu’à l’impuissance et à la soumission de mon pays.

J’ignore combien de temps, l’amour de ma famille, celui de ma patrie et mon enracinement aux principes républicains me permettront de résister à l’appel du vide.

Intervenez-auprès de l’Émir du Qatar… je vous en prie.

Jean-Pierre Marongiu