Le Qatar condamné à investir au Royaume Uni ?

Plus de 10 % des placements qatariens, Qatar Investment Authority (QIA), dans le monde sont au Royaume Uni, le Qatar pouvait-il se retirer à cause du Brexit ? QIA est-il une réelle assurance pour l’avenir du Qatar ?

 

Stratégie à long terme, opportunisme ou prédateurs ?

Les investisseurs qatariens du fonds souverain ont-ils mesuré les risques de rester au Royaume Uni ?

Un article du média Les Echos de ce jour évoque le positionnement du Qatar en matière d’investissements au Royaume Uni, vous pouvez le lire ici. Voici notre point de vue.

Le Qatar disposait jusqu’à fin 2015 d’excédents qui lui permettaient de renforcer son fonds de placement Qatar Investment Authority (QIA). Depuis 2016, ce pays est en déficit et doit emprunter pour le combler. Il aurait pu choisir de vendre une partie des placements de QIA au lieu d’emprunter, mais tel ne fut pas le cas. Ceci veut dire que QIA doit compter pour 2016 à 2018 uniquement sur ses ressources pour investir. Pratiquement, lorsque on annonce des placements en Asie, aux USA ou en UK, il y a deux possibilités, soit QIA réorganise ses placements actuels soit à son tour il emprunte.

Pour ce qui concerne le Royaume Uni en particulier, plus de 10 % des placements qatariens sont dans ce  pays. Il n’est donc pas étonnant que le Ministre des finances mais aussi le Premier ministre du Qatar, en visite au Royaume Uni parlent de stratégie à long terme. Peuvent-ils faire autrement au moment où la négociation du Brexit commence ?

L’annonce de 5 milliards de Livres d’investissements supplémentaires en UK est à suivre de près, les qatariens sont habitués à faire des discours qui souvent ne sont pas suivis d’actes. Toutefois, il faut bien comprendre que les qatariens sont à l’affut de bonnes affaires notamment dans l’immobilier ou les infrastructures, secteurs où le risque est limité. L’appât du gain est tel que les qatariens prennent le risque de miser sur le long terme, espérant qu’il n’y aura pas d’effondrement du Royaume Uni.

Il est intéressant de voir comment la présence du Qatar et cette annonce des 5 milliards sont commentées sur les réseaux sociaux. D’aucuns pensent que les qatariens sont plus des prédateurs que des investisseurs, d’autres sont pantois car au moment du Brexit il a été beaucoup question du danger des « étrangers ». Or malgré les liens entre le Qatar et le Royaume Uni, bon nombre de ces commentaires ne voient pas les qataris « comme des frères économiques ».

Economie réelle et fonds de placement

Les placements de QIA en UK s’exposent aux risques économique et comportemental, mais il y a-t- il un seul pays au monde où le risque zéro existe ?

Lorsqu’on regarde des pays comme l’Allemagne avec les placements du type Volkswagen ou Deutsche Bank, ou aux USA avec l’arrivée de Trump, on peut se dire que le risque en matière de placements est permanent. Ceci doit plus que jamais faire réfléchir les autorités qatariennes sur la diversification de leur économie pour qu’elle échappe à l’emprise des ressources issues des hydrocarbures, mais aussi relativiser l’importance de leur fonds de placement QIA pour assurer leur avenir et celui de leurs enfants.

La plus grande garantie pour le futur du Qatar reste l’économie réelle. Elle repose sur la population des vrais qatariens, aidés par les expatriés. Force est de constater que la mobilisation de la société qatarienne toute entière reste pour l’instant à réaliser et ceci est le plus grand danger qui menace le Qatar.