Les jeunes qatariens et une partie de la société civile ont participé au débat sur la mixité dans les universités du Qatar, finalement on peut s’interroger, qu’est ce qui était le plus important, le sujet ou la notion de débat ?
Le contexte qatarien
Petit pays du Golfe arabique, le Qatar à une population de vrais qatariens d’environ 300 000 personnes, par moitiés hommes et femmes. Autour d’eux vivent 2.4 millions d’expatriés en grande partie des hommes, ce qui au total déséquilibre le nombre de femmes dans ce pays.
Un évènement vient de se produire ces derniers jours, signalé par le média Doha News, un débat portant sur la mixité au sein des universités du Qatar. Les observateurs du Qatar savent que ce pays est de religion wahhabite, cela est inscrit dans leur constitution. Cette culture religieuse implique des modes de vies où il n’est pas étonnant que les hommes et les femmes vivent dans des mondes parallèles avec de nombreuses passerelles. Alors le débat sur la mixité pendant les cours universitaires peut apparaître comme surprenant, en tout cas, compte tenu de la culture wahhabite la mixité n’a pas lieu d’être. Pourtant le débat a eu lieu, suite à l’élection d’une représentante des étudiants et des modalités qui en découlent pour assumer son mandat. Nous saurons sans doute prochainement le résultat de ce débat, mais est-ce là l’essentiel ?
Le wahhabisme qatarien vit- il ses dernières années ?
Dans nos écrits et depuis plusieurs années, nous parlons de wahhabisme à la qatarienne. Ceci n’a rien de péjoratif c’est un simple constat.
Comment un pays de 300 000 habitants peut-il se payer le luxe de faire cohabiter deux mondes parallèles, hommes et femmes, alors qu’il joue sa survie ? Le grave danger qui menace ce pays, notamment en matière de santé de sa jeunesse, fera exploser tôt ou tard la culture wahhabite si elle ne tient pas compte de cette réalité. Or, la rigueur du wahhabisme ne peut pas accepter ce bouleversement fondamental de la société qatarienne. Les qatariens vivent un dilemme de plus qu’ils devront trancher.
Il n’y a pas de conducteur suprême dans une société moderne
Les jeunes qatariens et une partie de la société civile ont donc participé au débat sur la mixité dans les universités du Qatar, finalement on peut s’interroger, qu’est ce qui était le plus important, le sujet ou la notion de débat ?
Lorsque l’émir Tamim bin Hamad al Thani interpelle son peuple pour qu’il s’implique encore plus dans la vie économique du pays, il sait pertinemment que nombreux freins ou goulots d’étranglement bloquent la société qatarienne. Au-delà du discours, l’émir doit bien prendre conscience de sa part de responsabilité. On ne peut pas conduire un peuple par « l’imprécation.»
Ce qui est essentiel, ce n’est pas tant le rôle de la femme dans la société qatarienne, car au rythme de son évolution dans quelques années elle dirigera économiquement le pays. Le vrai sujet c’est le débat lui-même. L’émir ne peut peser sur son pays que s’il libère la parole au sein des qatariens. Il n’y a pas de conducteur suprême dans notre monde complexe, ni au Qatar, ni en France, ni aux US, ni ailleurs. C’est un ensemble de lieux d’échanges et d’organisations qui concourent à la réussite d’un pays en mettant en pratique les résultats des débats. En 2010 le Qatar planifiait son avenir à l’horizon 2030. Or cette partie que nous appelons « débat » n’est pas à la hauteur de la situation.
On ne peut pas attendre d’hommes et de femmes extrêmement cultivés comme les étudiants universitaires du Qatar qu’ils suivent un leader qui refuse le débat.