Les dirigeants qatariens sont-ils dans une impasse insurmontable ou il leur suffit simplement de changer de cap ? Suivant Aristote, Platon ou les Modernes ils sont dans une situation que je qualifie d’aporie.
La citoyenneté qatarie doit- elle évoluer ?
Nous avons eu cette semaine un bel exemple de la situation dans laquelle le Qatar vit. L’équipe nationale de handball s’est qualifiée pour les quarts de finale du Championnat du monde de handball qui se jouait en France. Malheureusement elle n’a pas pu aller au-delà. Cette équipe avait en 2015 terminé seconde avec un nombre de naturalisés conséquent. Or pour le Championnat 2017 elle avait diminué quasiment de moitié ses naturalisés. La situation dans laquelle se trouve le Qatar parait être une aporie. Suivant Aristote, Platon ou les Modernes, respectivement, on peut estimer qu’ils sont soit dans l’embarras, soit ils doivent changer de cap, soit pire dans une impasse insurmontable.
Les qatariens ne sont pas nombreux, 294 159 résidents dont près de 12 000 dans divers pays étrangers pour une bonne partie au Royaume Uni. Ils sont classés dans les trois premiers pays les plus riches au monde. Ouvrir leur nationalité devient une nécessité et une urgence, mais elle doit être planifiée à moyen terme au risque de faire disparaître les quelques valeurs et traditions qu’il leur reste. Il n’est pas aisé d’être qatari dans son propre pays, car plus de 90 % de la population qui vous entoure est composée de travailleurs étrangers. Ceux-ci pour l’essentiel aspirent à rentrer dans leurs pays après avoir gagné pendant quelques années un peu d’argent, leur permettant d’améliorer leur sort et celui de leur famille.
Force est de constater que ces travailleurs expatriés ne sont toujours pas reçus dans de bonnes conditions. L’affaire des deux indiens maltraités qui se sont retrouvés dans une ferme qatarienne, si les faits sont avérés, montre que des failles importantes existent dans l’accueil des travailleurs au Qatar, ceci malgré tous les discours officiels.
La sécurité précaire du Qatar
Plusieurs éléments m’ont amené à parler de sécurité au Qatar cette semaine 4 en 2017. Le point central demeure l’arrivée au pouvoir de Donald Trump aux USA. Le blocage du 45e président des US face aux musulmans est des plus inquiétants. Il y a certes le décret interdisant la venue aux US d’habitants de 7 pays musulmans mais ceci n’est que le premier pas dans une escalade de mesures dont personne ne maîtrise l’étendue. Le grand danger avec Trump ce sont ses impulsions et ses « tweets ». Cet homme-là en une semaine a passé son temps à stresser le monde entier avec les dangers que cela comporte y compris pour les américains.
Deux décisions importantes sont attendues avec des conséquences non négligeables pour le Qatar. Quel avenir pour la base américaine d’al Udeid, située au Qatar ? Et est-ce que les Frères musulmans seront considérés comme une menace terroriste ? Certes le Qatar a pris quelques ces distances avec les Frères musulmans mais personne n’est dupe. La Turquie et le Qatar demeurent les deux plus importants soutiens de la Confrérie et ils sont convaincus que cette force religieuse et politique compte pour la stabilité du Moyen Orient et plus largement. Pour ce qui concerne la base d’al Udeid personne ne sera étonné qu’en cas de départ des américains les turcs les remplacent.
A ces deux décisions on peut rajouter le rapprochement économique du Qatar avec la Russie qui est loin d’être anodin. Après la prise de participation de 24,9 % dans l’aéroport de Saint-Pétersbourg et celle 19,5 % du géant russe Rosneft spécialisé dans le pétrole. Voilà que le 24 janvier 2017, Sheikh Abdullah bin Mohammed ben Saoud Al-Thani le PDG de QIA a conclu un accord avec le Fonds d’investissement direct russe, d’une valeur de deux milliards de dollars pour l’investissement en Russie.
Une semaine marqué par le déclassement du Qatar en matière de corruption
Alors que les autorités qatariennes assurent faire beaucoup pour lutter contre la corruption, le rapport de Transparency International dégrade leur note et classement. Le Qatar qui en 2014 était classé à la 26e place avec une note de 69/100, en 2015 classé 22e avec une note de 71/100 se retrouve en 2016 classé 31e avec une note de 61, une perte évidente de sa crédibilité.
Les motifs invoqués «Les scandales de la FIFA, les enquêtes sur l’attribution du Mondial de football en 2022, les violations des droits humains pour les travailleurs migrants ont eu des répercussions évidentes sur la perception du pays»
Le Qatar cultive les impasses, subissant les événements alors même qu’il s’est fixé un cap à 2030. La difficulté majeure à laquelle ce pays est confronté, c’est qu’il finit par croire à sa propre propagande. Il est en état de Béatitude.
Je me souviens d’une expression de DESCARTES « La béatitude consiste, ce me semble, en un parfait contentement d’esprit et une satisfaction intérieure, que n’ont pas ordinairement ceux qui sont les plus favorisés de la fortune et que les sages acquièrent sans elle. »