UFR STAPS de Caen invite Qatar 2022

Débattre sur la Coupe du Monde de Football 2022 au Qatar s’est engager un débat bien plus large que ce qu’on imagine.

Des étudiants qui ne craignent pas la difficulté

L’UFR STAPS de Caen offre une formation orientée vers des secteurs variés de professionnalisation, à Bac+3 comme à Bac+5 et permettant la poursuite d’études en doctorat. Cette offre couvre les domaines de l’éducation, de l’entraînement, de l’ergonomie, du management et de la santé.

Les étudiants de l’UFR Sciences & Techniques Activités physiques & Sportives ne craignent pas la difficulté. Débattre sur un sujet comme la Coupe du Monde de Football 2022 au Qatar s’est mettre le doigt dans un sujet bien plus large qu’un simple évènement sportif. Lorsqu’en 2010 le Qatar a obtenu l’organisation de cette compétition mondiale, il est peu probable que chacun ait pris conscience des conséquences de cette décision.

L’émir Hamad avec quelques personnes autour ont décidé de postuler à la qatarienne, sans tenir compte de ce que pensaient les citoyens du Qatar. Dans les heures qui ont suivi l’attribution de Qatar 2022, il y a eu une joie immense des qataris mais aussi une grande inquiétude. Six ans plus tard alors que le pays est depuis sous les feux des projecteurs, je suis persuadé que les qataris diraient non à l’organisation de la Coupe du Monde de Football 2022 au Qatar. Mais comme prévu dans la Vision 2030, le plan stratégique à 20 ans, ils diraient un grand oui aux travaux d’infrastructures qui de toute façon étaient prévus.

Ce qui dérange le plus, le qatarien moyen, c’est l’image dégradée de son pays au niveau international. La gestion catastrophique des ressources humaines est l’élément qui a fait le plus de dégâts. Là encore, chacun connaissait avant 2010 la situation des travailleurs au Qatar ainsi que dans le reste des pays du Golfe. La FIFA porte une lourde responsabilité sur ce sujet, car dans le dossier déposé par le Qatar, la partie droit du travail avait été argumentée.

Certes l’émir Hamad avait annoncé des changements en la matière ainsi qu’au niveau législatif, mais sans consultation préalable et il a rencontré des résistances bien plus grandes qu’il n’imaginait. Résistances internes mais aussi de tous les autres pays du Golfe qui ne voulaient pas d’évolutions non maitrisées. Ce bouleversement ainsi que d’autres éléments notamment de politiques étrangères ont obligé l’émir Hamad à laisser la direction du pays à son fils l’émir Tamim.

Celui-ci a rapidement annoncé la couleur, le Qatar bougera, mais à son rythme. Le nouvel émir a déployé une forte communication afin de contrebalancer les propos tenus contre son pays, en lien avec la Coupe du monde 2022. Tout est contesté systématiquement jusqu’au nombre de morts. Il fallait gagner du temps et atteindre la deuxième partie de 2017, car à cette époque le nombre de travailleurs expatriés va décroitre dans les métiers où les risquent sont importants. La crise des hydrocarbures et les déficits annoncés sur 2016-2017 et 2018 vont accélérer le départ des expatriés. L’émir Tamim sait qu’alors il disposera de l’aide sans faille des pays exportateurs de main d’œuvre.

Le Qatar a entrepris de faire des changements mais qui ne vont pas bouleverser l’équilibre général du pays et de son environnement dans le Golfe. Il fait le service minimum permettant de passer l’étape de Qatar 2022. Il clarifie actuellement le chiffrage global des investissements dans le pays, il fait la différence notamment entre les travailleurs directement impliqué par l’évènement footballistique, au maximum 36 000 et les autres qui dépassent 1.7 millions. Il ouvre les portes aux syndicats pour visiter les installations de travail et de séjour, liées à Qatar 2022 et quelques lieux stratégiques qu’il a préparé pour l’occasion. Pourtant, sur le reste des travailleurs expatriés il y aurait beaucoup à dire, le pire étant la situation de 90 000 personnels employés de maison qui n’ont même pas droits aux lois qatariennes, pourtant très mal appliquées.

Le débat sur Qatar 2022 sera sans doute intéressant et j’ai tenu à ma manière à apporter ma petite pierre sur ce sujet. Les invités :

 – Frédéric Lecloux, photographe ayant séjourné un mois au Qatar en avril 2016

– Sabine Gagnier, chargée de plaidoyer sur le volet « Entreprises et droits humains » au sein de la section française d’Amnesty International

– Marie-Laure Ghislain, avocate, responsable du Programme « Globalisation et Droits Humains-RSE  » et responsable du contentieux de l’association Sherpa

– Vincent Chaudel, Directeur Communication & Marketing / Expert Sport au sein du cabinet de conseil Wavestone : consultant au profit de la Fondation Aspire Zone, vont permettre d’aller plus en profondeur et répondre à la question Qatar 2022 une coupe du monde raisonnable.

Le débat sera animé par Antoine Spire qui prendra soins de ne pas le faire basculer dans un procès à charge, malgré la présence de Vincent Chaudel consultant au profit de la Fondation Aspire Zone, organisme qatarien.

Bon courage aux participants et bravo aux étudiants et encadrants d’avoir osé ce sujet.