Dans la crise économique qui frappe les pays du Golfe, le Qatar devrait tirer son épingle du jeu. Quelles sont les éléments qui peuvent perturber ces prévisions ?
Le gaz et le pétrole pèsent encore lourd au Qatar
Pour les trois prochaines années le budget de l’état du Qatar sera en déficit et l’endettement devrait augmenter. Mais si on compare ce pays à ses voisins du Golfe, il espère tirer son épingle du jeu en ayant une croissance plus élevée que la moyenne.
Quelles sont les éléments qui peuvent perturber ces prévisions ? Le Qatar s’attend à une remontée lente mais régulière du prix des hydrocarbures qui pourrait atteindre les 55 dollars l’année prochaine. En particulier cette augmentation toucherait le prix du gaz dont le Qatar est un des plus grands producteurs au monde. Certes la déconvenue liée au non démarrage de Barzan va peser, mais si la fuite signalée sur le réseau est rapidement maîtrisée, la phase 1 de la production pourra débuter et quelques mois plus tard la phase 2 sera aussi active. Toutefois, force est de constater que tout cela repose sur des hypothèses optimistes à vérifier dans les mois à venir.
Le secteur privé plafonne
L’autre élément qui pèse dans la comparaison entre pays du Golfe est l’importance du secteur privé du Qatar. Incontestablement, là encore le Qatar est devant ses voisins, mais si on est attentif à l’économie globale de ce pays on s’aperçoit qu’il atteint un plafond. Les autorités qatarienne avec la mise en place de la « Qatarization » n’ont-ils pas crée leur propre malheur ? Un jeune qatarien exige une place dans ce cadre, un salaire conséquent et il sait bien que personne n’osera le licencier même s’il ne produit pas grand-chose. L’esprit d’initiative se meurt lentement au Qatar et l’élite qui dirige le pays ne pourra pas seule porter toutes les responsabilités du Qatar sur les épaules.
Certains secteurs comme le tourisme peinent à atteindre les objectifs, comme on le voit sur le premier semestre 2016. Et encore, pour l’instant le Qatar n’a pas connu d’attentats sur son sol, même lorsqu’il déjoue des attaques, ce pays ne communique pas sur le sujet.
Quant aux expatriés, n’ont-ils pas intérêt aujourd’hui à aller plutôt à Dubaï, voire même à Al Ahsa la nouvelle ville logistique construite près de Saudi Aramco ? Là encore, le Qatar ne donne pas les assurances aux étrangers hors CCG de pouvoir travailler en toute sécurité. Au lieu de modifier les fondamentaux économiques, le Qatar crée des « zones franches », comme s’il ne croyait pas lui-même à son propre avenir.
Enfin, chacun sait désormais, grâce à la Coupe du monde 2022 de football, qu’en matière de ressources humaines le Qatar est dépendant des expatriés qui représentent au moins 90 % de sa population. Là encore, les modifications législatives en cours, n’auront pas l’importance voulue et comme le rappellent les expatriés qui ont quitté le pays, de toute manière, même les textes existants ont une application capricieuse.
En conclusion, le Qatar a d’importants potentiels mais par manque de courage économique, il stagne et nous pourrions assister à court terme à une lente décadence.