Le suicide de Behara, un expatrié indien de 44 ans, père de 2 enfants, montre la montée de la détresse, sur un marché du travail qatarien en pleine restructuration. En outre, l’amnistie provisoire, en cas de séjour irrégulier, ne concerne malheureusement pas tout le monde.
Un retard de salaire d’un mois peut conduire au suicide
C’est l’horrible tragédie qui s’est déroulée dans le sous-sol du Doha Exhibition and Convention Center rapportée par REUTERS.
Behara, un expatrié indien de 44 ans, père de 2 enfants s’est pendu, ce 7 septembre 2016 à Doha car son entreprise ETA Star ne lui avait pas réglé son salaire et n’avait pas effectué le renouvellement du visa de séjour. La fatigue, les dettes au Qatar et la mise en difficulté de sa famille ont conduit cet homme à l’irrémédiable.
Malgré la loi sur les salaires qui oblige à payer celui-ci par virement à échéance, sur un compte bancaire qatarien, la tradition de retarder le paiement des salaires, en cas de tensions financières de l’entreprise, est toujours d’actualité.
En outre, il est courant que l’entreprise « joue » sur le non renouvellement du visa, afin de ne pas payer la prime de fin de contrat et de mettre le salarié dans une situation de dépendance totale vis-à-vis de son employeur. Sans visa, le salarié est en situation irrégulière tant au niveau des pouvoirs publics en risquant une l’expulsion à tout moment, mais aussi au niveau bancaire car son compte peut être fermé si l’employeur signale ce nouvel état du salarié.
L’amnistie en cours jusqu’au 1er décembre, pour ceux qui ne sont pas en situation régulière de séjour, peut permettre de quitter le Qatar, mais elle ne s’adresse pas à ceux qui ne disposent pas de papiers. Ainsi un employeur indélicat qui a confisqué les papiers du migrant et qui refuse de lui rendre met ce salarié dans une situation « impossible. » Or, des centaines de personnes sont dans ce cas, elles ne pourront pas quitter le Qatar et devront vivre en clandestinité, au risque de finir en prison à tout moment pour une période, soumise aux aléas de la justice qatarienne donc indéterminée.
La loi sur le travail et le séjour attendue début décembre ne réglera aucun de ces problèmes, les autorités et la justice qatarienne le savent pertinemment.