Les faillites dans le secteur des services devraient s’amplifier au Qatar.
Une crise peut en cacher une autre
L’article ce matin de Victoria Scott, une journaliste anglaise qui a séjournée au Qatar et qui collabore avec le media Doha News, est particulièrement intéressant à lire. Il pointe du doigt une subtilité que peu ont appréhendée.
Si la population du Qatar demeure autour de 2,5 millions et pourrait même croitre encore, d’importantes modifications quant à sa composition sont à constater. Depuis la baisse brutale des hydrocarbures, une violente « saignée » dans les effectifs de la classe moyenne a été cachée dans son ampleur, par l’arrivée de travailleurs expatriés de bas niveau de qualification. Ces travailleurs ont un pouvoir d’achat tellement bas qu’une fois l’envoi au pays de quelques dollars, il leur reste juste assez de quoi manger. Ils participent peu à l’économie du pays.
Ceci n’est pas le cas de la classe moyenne qui travaille tant dans le secteur pétrolier, gazier et dérivés que dans les services aux entreprises et aux personnes. Ces habitants à pouvoir d’achat plus important étaient venus en général avec leur famille. Or avec leur départ, non anticipé, d’une partie de cette population, des difficultés apparaissent dans le secteur du commerce, de l’immobilier mais aussi dans l’éducation nationale et autre secteurs d’activités. Le nombre de faillites devrait s’élever dans les mois à venir notamment dans le secteur de l’immobilier commercial mais pas seulement … Lorsqu’on regarde le nombre de centre commerciaux en phase d’achèvement au Qatar c’est ahurissant. Pourtant des mai 2013, nous alertions : « Une bonne partie de la population du Qatar vit à Doha et sa banlieue mais est-il raisonnable de construire autant de centres commerciaux ? » Ou encore en 2015, « La construction de «Mall of Qatar», est- elle vraiment nécessaire ? »
Le constat est simple pourtant, la population qui dispose d’un pouvoir d’achat réel et quelque fois conséquent ne dépasse pas 400 000 personnes. Ces habitants sont les qatariens, quelques cadres supérieurs et le haut de la classe moyenne. Or les qatariens passent beaucoup de temps à voyager soit aux Emirats soit à Londres et de plus en plus à Singapour pour les achats à forte valeur ajoutée. Il faut prendre conscience de la réalité de l’offre avant d’investir au Qatar.
L’autre problématique se pose dans l’immobilier. Les appartements et villas laissés libres par ceux qui quittent le Qatar malgré eux, ne sont pas occupés par les nouveaux expatriés arrivants. En effet cette tranche de la population vie dans des camps de travail et très souvent est célibataire. Ils viennent pour deux à 5 ans et puis repartent dans leur pays. La bulle immobilière du Qatar peut éclater à chaque instant.
L’autre donnée qui ne doit pas être sous-estimée est le départ massif à partir de fin 2017 des expatriés qui travaillent sur les grands chantiers qui progressivement vont se terminer. Nous en reparlerons.
En conclusion, le Qatar va renforcer son secteur privé et quelques opportunités peuvent encore surgir. Mais compte tenu de son déficit budgétaire jusqu’à 2019 au moins, des prélèvements seront effectués sur les expatriés, car il n’est pas question de se mettre les qatariens à dos pour le gouvernement qui n’arrive pas à gérer le Qatar de l’intérieur. La prudence s’impose avant tout investissement au Qatar.