Le gisement pétrolier d’Al Shaheen représente 40 % du pétrole qatarien, il vient de changer d’exploitant dans l’intérêt du Qatar et de son allié économique Total.
Les rapports entre Total et le Qatar sont « extra ordinaires »
Le Qatar a beaucoup de défauts mais aussi quelques qualités. L’une d’entre elles est la fidélité dans l’amitié. Et lorsque cette amitié est accompagnée d’une amélioration de ses revenus, le Qatar ne peut que favoriser la société qui est à l’origine de ses rapports « extra ordinaires ». Lorsque le Qatar lançât un appel d’offres sur le gisement pétrolier d’Al Shaheen, exploité par le danois Maersk, qui représente 40 % du pétrole qatarien, parmi les 6 compétiteurs, un avait toutes les chances de remporter ce marché, la société Total. Les rapports entre Total et le Qatar datent depuis les années 1936 et ont été portés au sommet grâce un homme qui avait eu confiance dans le devenir du Qatar. Christophe de Margerie PDG de Total, mort à l’âge de 63 ans, dans un crash d’avion à l’aéroport de Vnoukovo, près de Moscou, avait été un ami et un partenaire du Qatar. Dans leur livre intitulé : «Qatar, les secrets du coffre-fort », Christian Chesnot et Georges Malbrunot parlent de Margerie. Lorsque l’émir Hamad al Thani prend le pouvoir en 1995 : Pas de chance pour le nouvel émir : Shell, à peine débarqué au Qatar, met fin à ses investissements dans le gaz. — Ce fut comme un coup de poignard dans le dos, se souvient Mohamed Kuwari, ambassadeur du Qatar en France, directeur Europe au ministère des Affaires étrangères à l’époque. Shell ne croyait plus aux potentialités du Qatar, à un moment où les cours du gaz et du pétrole étaient très bas. Pourtant, le groupe français Total accepte de remplacer le major américain. Mieux, il procède à une avance de trésorerie de plusieurs millions de dollars. Et quelques années plus tard, au début des années 2000, lorsqu’une nouvelle fois les cours fléchiront, Total renflouera – avec d’autres cette fois – les caisses de l’émirat. Depuis, le Qatar est particulièrement reconnaissant envers la multinationale française, et surtout envers son P-DG, Christophe de Margerie, patron de la division Moyen-Orient à l’époque de ce très important coup de main…
Le Qatar fait d’une pierre deux coups
Si quelques fois les investissements qatariens n’aboutissent pas aux intérêts escomptés, tel n’est pas le cas pour sa participation de 4,8 % dans le groupe Total. Il est clair que l’appel d’offres fut tourné de façon à favoriser les intérêts du Qatar. Le Groupe Maersk, en pleine réflexion stratégique, a certes répondu à l’appel mais ne pouvait pas raisonnablement diminuer sa rentabilité sur une exploitation du champ pétrolier d’Al Shaheen qui reste quand même assez technique. Total lui très présent au Qatar, notamment dans la production de gaz et ses dérivés, possédant de grandes compétences techniques en matière d’exploitation de pétrole, sous employées actuellement à cause de la baisse des prix du pétrole, avait besoin de nouveaux marchés. L’offre effectuée était plus intéressante que celle de Maersk et autres compétiteurs, ce qui permet au Qatar d’attribuer ce marché à Total en améliorant ses marges, sans oublier que le Qatar possède 4,8 % des actions de Total, ce qui nous fait dire que les qatariens font d’une pierre deux coups.