Ce soir-là je n’étais pas en retard pour diner, au milieu du repas, mon père me fixa droit dans les yeux et me dit, «Tonino je n’ai pas oublié ton cadeau d’anniversaire, tu viens avec moi dimanche, nous allons supporter le « Napoli. » C’était l’automne 1960, je venais d’avoir cinq ans et j’habitais Pompéi en Italie.
Quand l’Euro 2016 fait remonter des souvenirs
Tous les medias ce matin parlent de l’Euro 2016, la France ce soir rencontre la Roumanie pour le match d’ouverture au stade de France. Ce sont 80 000 spectateurs qui assisteront à cette compétition, parmi eux sans doute quelques milliers de jeunes qui pendant longtemps garderont en mémoire cet évènement exceptionnel. Ce type de manifestation sportive fait remonter à la surface de nombreux souvenirs.
Je me souviens de mon premier match en tant que supporter (tifoso). C’était l’automne 1960, je venais d’avoir cinq ans et j’habitais Pompéi en Italie. Ce soir-là je n’étais pas en retard pour diner, au milieu du repas, mon père me fixa droit dans les yeux et me dit, «Tonino je n’ai pas oublié ton cadeau d’anniversaire, tu viens avec moi dimanche, nous allons supporter le « Napoli. »
La saison 1959 – 1960 avait était mauvaise pour le Napoli et celle de 1960 – 1961 fut terrible, puisque le club avait été rétrogradé en série B. Mon père qui n’était pourtant pas un supporter assidu me dit « Tonino c’est maintenant que le club a besoin de nous, alors je veux t’entendre chanter, O Surdato ‘nnammurato (Le Soldat Amoureux) l’hymne du Napoli. » Je n’oublierai jamais lorsqu’en tenant la main de mon père je mis les pieds dans le « Stadio San Paolo »…
En 1967, mon père nous amena en France en haute Ardèche, très rapidement je fus un supporter des « Verts » avec de nombreuses joies et quelques peines. La vie plus tard m’a conduit à Paris et j’ai appris à connaitre le PSG qui mérite qu’on le supporte.
Ce matin en me levant, j’ai pensé au match de ce soir que je regarderai tranquillement à la télé avec ma compagne qui adore le foot. Ce matin un instant, j’ai senti la main de mon père tenant fortement la mienne et me regardant avec des yeux pétillants, comme cette fin d’après-midi d’automne 1960. En me rappelant ce regard, je viens de comprendre à quel point mon père était fier d’amener son fils avec lui au stade. Un moment de communion entre père et fils, un simple moment d’amour.
Je pense que de la haut, au paradis, « Francesco » mon père, sera bien placé ce soir pour regarder le match France – Roumanie et avec moi il va encourager la France. En souhaitant échapper à une finale France – Italie qui nous verrait une fois de plus nous affronter dans des chants sans fin.
Allez les Bleus !