C’est un gouvernement dit socialiste qui pourrait être l’élément déclencheur de la réunification de la CGT et de la CGT FORCE OUVRIERE. En donnant de l’importance à l’accord d’entreprise au détriment de la branche professionnelle, la partie libérale du socialisme, largement majoritaire, change la nature du syndicalisme français, l’esprit révolutionnaire se meurt pour faire place à l’association capital-travail.
Avant qu’il ne soit trop tard
Lorsque la CGT fut créée en 1895 à Limoges, elle était loin de se douter qu’elle conduirait la classe ouvrière à un tel niveau de réussite sociale. Les dirigeants syndicalistes de l’époque savaient qu’une réaction de la caste gouvernante du pays mettrait les moyens pour briser la vision progressiste et parfois révolutionnaire qui habitait la CGT. Le premier assaut fut porté par la création d’une autre organisation syndicale en 1919, la CFTC qui plus tard se transformera en CFDT. Elle a toujours prôné l’association du capital et du travail et une gestion de l’évolution sociale à partir de l’entreprise. Cette organisation syndicale, aidée par la doctrine sociale de l’église, a fait de l’entrisme au sein du parti socialiste français et a fini par convaincre, presque 100 ans plus tard, les responsable politiques de se rallier à sa cause. La loi sur le travail de mai et juin 2016 donnera les moyens à la CFDT de devenir la première organisation syndicale du pays, soutenue par une grande partie du patronat et par l’essentiel du parti socialiste français.
L’affaiblissement structurel de la CGT, se divisant par trois fois, en 1921, en 1939 et 1947 après s’être réunifiée par deux fois, ceci à cause d’évènements politiques internationaux liés à l’espoir d’une solution communiste pour combattre le capitalisme, est l’élément clé à prendre en considération, pour expliquer la victoire de la CFDT pour imposer sa vision de l’évolution sociale française. En outre, la partie progressiste du parti socialiste a quitté le navire pour confier son destin à des représentants de la caste politique qui participent aujourd’hui au renforcement d’un capitalisme inégalitaire. Il n’est donc pas étonnant que la loi sur le travail de mai et juin 2016, 121 ans après la création de la CGT porte l’estocade qui pourrait s’avérer finale pour en finir avec l’esprit de la vieille CGT.
Il apparait nécessaire aujourd’hui que les forces de progrès mettent un terme aux inégalités qui se développent et qui conduiront inévitablement à de nouveaux conflits, comme nous avons connus dans la première partie du siècle précèdent. Ceux qui ont contribué à l’éclatement de la CGT de 1895 et à l’esprit qui l’habitait, doivent de toute urgence contribuer à la réunification de la CGT et de la CGT FORCE OUVRIERE avant qu’il n’y ait dans le pays, autant de code du travail que d’entreprises et conduire à la disparition de la classe ouvrière, remplacé par un « auto-entreprenariat » qui atomiserait les rapports sociaux dans le monde du travail.
Tout porte à croire que l’heure est venue, près de 70 ans plus tard, que les deux CGT se réunifient dans l’intérêt des salariés et de la France. Chacun sait que l’autre étape, politique, est en route, la confusion entre la droite et la gauche. Chacun sait aussi que de cette étape-là, inévitablement, l’histoire le démontre, conduit au fascisme
Alors, avant qu’il ne soit trop tard que chacun prenne ses responsabilités.