Si l’Arabie saoudite s’était opposé avec vigueur à la levée des sanctions contre l’Iran notamment sur le pétrole ce n’était pas par hasard. Elle avait imaginé le scenario où l’Iran remettrait sur le marché des hydrocarbures au pire moment. Nous apprenions dimanche 17 avril au soir que l’accord n’a pas pu être trouvé, confirmant ainsi notre opinion.
Les saoudiens et les américains responsables de la baisse des prix du pétrole
La surabondance des stocks mondiaux de pétrole fit chuter les prix du pétrole à partir de juin 2014. Compte tenu du prix élevé du baril dépassant les 110 dollars et pouvant monter plus haut, les américains avaient puisé dans le pétrole de schiste malgré son coût élevé d’exploitation. Devenu autonome, les USA ne puisaient plus sur le marché mondial. La Chine pour des raisons de prix s’était elle aussi ouvert de plus en plus au charbon. La baisse constatée à partir de fin 2014 de l’activité économique chinoise vint s’ajouter au gonflement des stocks mondiaux de pétrole. Sans perspectives immédiates les « spéculateurs internationaux » se retrouvaient dans une « bulle financière » et contribuèrent à leur tour à une baisse violente des prix. Tactiquement et pour des raisons différentes cette baisse des prix arrangeait bien les américains et les saoudiens.
Les américains voyaient l’effondrement de l’économie russe dépendante du pétrole avec un certain plaisir. Les saoudiens mettaient au pas quelques puissances productrices et prévoyant le retour sur le marché de l’Iran avaient tout intérêt à maintenir les prix bas, pour que l’Iran ne puisse pas investir pour extraire plus de pétrole. Hier encore un responsable Koweitien indiquait que l’Iran n’avait pas les moyens de mettre des quantités importantes de pétrole sur le marché. Le responsable koweïtien a oublié un détail ; le prix du pétrole tient compte certes avant tout des stocks mais les spéculateurs se fient aussi à une ambiance. L’Iran va trouver les moyens d’exploiter son pétrole et son gaz en ouvrant son marché intérieur qui est en manque de tout. C’est du donnant donnant, « je vous laisse venir vous installer en Iran mais vous financez l’exploitation de mes hydrocarbures ».
Si l’Arabie saoudite s’était opposé avec vigueur à la levée des sanctions contre l’Iran notamment sur le pétrole ce n’était pas par hasard. Elle avait imaginé le scenario où l’Iran remettrait sur le marché des hydrocarbures au pire moment. Nous voilà le 17 avril 2016 à Doha tentant vainement de geler une production tentant de refermer la boîte de Pandore de la baisse des prix.
Imaginons un instant qu’un accord se réalise à Doha. L’Iran a été très clair, il ne participe pas à cette réunion car il entend monter en charge progressivement et livrer ses hydrocarbures. Alors que faire ? Pour résorber la montée en charge de l’Iran les autres puissances pétrolières devraient non pas geler mais baisser leur production, donc leurs revenus! Et si le prix venait à augmenter cela donnerait des moyens supplémentaires à l’Iran ? Inimaginable pour les saoudiens ? Quant aux américains voyant toujours d’un mauvais œil la possibilité pour la Russie, qui fait partie des grands producteur, d’engranger des revenus supplémentaires, ils ne bougeront pas le petit doigt pour faire remonter les prix.
Qu’elle est la justification d’un prix élevé des hydrocarbures ?
Les saoudiens avaient en son temps alerté les membres de l’OPEP et les non –OPEP qu’ils ne pouvaient pas seuls baisser leur production. Or de nombreux pays producteurs n’ayant pas fait l’effort d’une « certain autonomie en renforçant le secteur hors hydrocarbures » se trouvent dans une situation catastrophique. Ces mêmes pays au moment où le prix du pétrole flamboyait à plus de 110 dollars ne se sont jamais préoccupés des pays consommateurs incapables de suivre la spirale inflationniste.
Aujourd’hui beaucoup de pays consommateurs regardent en direction de Doha et se contenterait bien d’un pétrole en dessous de 50 dollars. Ils espèrent que l’égoïsme et les rivalités entre pays producteurs continuent leur œuvre pour maintenir un prix du pétrole bas. Pour ces pays consommateurs rien ne justifie un prix élevé sauf à remplir les poches des producteurs et des spéculateurs.
La morale de cette histoire : quand on ouvre la boîte de Pandore de la baisse des prix il est parfois difficile de la refermer.