Le gouvernement de Valls à Fabius a beau déclarer que l’Arabie saoudite et le Qatar ne financent pas l’Organisation de l’Etat Islamique, les interrogations demeurent selon les medias. Les pouvoirs publics ont-ils eu raison d’employer le mot « guerre » au lieu de combat contre le terrorisme ?
Les conditions d’un dérapage sont de plus en plus palpables
Les morts du 13 novembre 2015 ont profondément bouleversé la société française et traumatisent encore une partie de la population parisienne. Les pouvoirs publics qui n’ont pas réussi à empêcher ces actes terroristes, emploient une terminologie de guerre à la fois pour se dédouaner et pour se donner les moyens de faire face aux prochaines vagues de terrorisme. Cette terminologie guerrière, en lieu et place du terrorisme, a le défaut de mettre en valeur l’Organisation de l’Etat Islamique et d’augmenter sensiblement « la peur » ambiante. Au-delà des difficultés économiques qu’elle peut générer, elle crée les conditions d’un dérapage contre la population musulmane, voire plus largement arabe et attise la recherche d’un bouc émissaire.
Bon nombre de media s’interrogent sur l’avenir des relations entre la France et les pays du Golfe en particulier l’Arabie saoudite et le Qatar. Roland Lombardi un spécialiste du moyen Orient s’exprime dans le media Atlantico : Il est difficile de prouver noir sur blanc que le Qatar et l’Arabie saoudite financent des organisations terroristes. Surtout, que ces financements sont le fait, la plupart du temps, moins des Etats et de leurs gouvernements que de particuliers, de fondations ou d’organisations originaires de ces deux pays. Mais par déduction et grâce à certaines révélations et enquêtes sérieuses, nous pouvons conclure que oui, d’une certaine manière, Doha et Riyad financent (du moins de manière indirecte et discrète) des mouvements terroristes.
Un journaliste de France Inter donne la parole aux spécialistes. « La France peut-elle continuer de signer des contrats avec l’Arabie Saoudite et le Qatar, alors que ces deux pays ont contribué à fabriquer le groupe Etat Islamique contre lequel nous sommes aujourd’hui en « guerre » ? »
Les pouvoirs publics ont-ils eu raison d’employer le terme « guerre » ?
Dominique de Villepin met en garde « Par ailleurs, selon lui, le concept de guerre contre les djihadistes n’est pas adapté puisqu’«une guerre, ce sont deux Etats et deux armées qui se confrontent ».
Il estime que parler de guerre contre le terrorisme fait «le jeu de l’ennemi ». Mais qui est cet ennemi ?
Nous laisserons à Pierre Conesa, spécialiste des questions stratégiques internationales, les mots d’une conclusion provisoire « La cible, a un nom : le salafisme. “Le salafisme est une idéologie propagée par l’Arabie saoudite dans les années 1980-90 pour lutter contre les Frères musulmans, qui avaient fait l’erreur de soutenir Saddam Hussein pendant la guerre du Golfe. Le salafisme, abondé par l’argent de l’Arabie saoudite, a propagé partout des mosquées avec des imams salafistes, y compris en Algérie, et nos amis algériens l’ont payé“. Inutile donc de stigmatiser toute une communauté. Au contraire, selon Pierre Conesa, il faut s’appuyer sur la “classe moyenne musulmane“. Une démarche qui oblige à comprendre d’abord les racines de ces mouvements de réislamisation.
A suivre…