Du poulet qatarien réalité ou utopie

L’idée de produire localement des poulets et des œufs, refait surface au Qatar. Chacun a bien conscience que la production actuelle de poulet, par des moyens industriels et intensifs, dans le monde est souvent harãm.

 

Pourquoi l’état du Qatar se mêle de la production du poulet et des œufs ?

Si la société Dar Al Rayyan Investment Co vient d’obtenir l’autorisation pour bâtir et gérer un complexe industriel afin d’assurer la production de poulets et des œufs, cela se fera sous l’autorité de l’état qatarien qui veut contrôler à tous les stades cette production.

Le lieu de cet élevage dont on connait peu de choses est tenu secret pour l’instant. Chacun sait que les riverains d’élevages intensifs sont les premières victimes de nuisances olfactives, nuisances sonores, forte pollution de l’air par l’ammoniac et les poussières, prolifération des mouches et des rats… Il est probable que les autorités qatariennes imposent un lieu isolé.

Si l’idée de produire localement des poulets et des œufs, refait surface au Qatar, gage de qualité, de sécurité alimentaire et d’assurance qu’ils soient halal, un problème majeur demeure. Cet élevage sera forcément intensif et industriel car ce pays aux températures élevées ne dispose pas de terrains propices à un élevage à l’air libre gage de grande qualité. Cela implique que les locaux soient climatisés et sans doute automatisés. Il est donc essentiel que ces locaux respectent les normes les plus drastiques voire novatrices.

La consommation actuelle de volaille selon les indications que nous possédons se situe à environ 110 000 tonnes par an pour une population de 2 millions d’habitants, or déjà la population avoisine les 2,3 millions et devrait augmenter. A ce jour il y a régulièrement pénurie de poulet dans les magasins. Il y a urgence.

Lors d’un précèdent article nous indiquions « En abandonnant le projet de la production locale de poulet halal, ingrédient de base de la cuisine au Qatar, ce pays qui parle beaucoup de sécurité alimentaire montre une fois de plus le manque de cohérence entre le discours et la réalité ».

Afin de combattre cette pénurie, l’arrivée massive dans les jours à venir de poulets russes « halal » devrait assurer une fourniture régulière de cet aliment indispensable dans la cuisine des nombreuses communautés qui habitent le Qatar.

Même si la production locale de poulet s’avère complexe, il est certain qu’au niveau santé, la bonne gestion de l’alimentation des poulets et notamment la non-ingestion d’antibiotiques et autres médicaments justifie à elle seule cette expérience.

L’autre point qui parait essentiel est la gestion interne de ce poulailler géant. Comment ces animaux qui sont la base de l’alimentation sont-ils traités ? Le Qatar tient là l’occasion de montrer qu’il ne s’insère pas aveuglement dans un capitalisme effréné qui ne respecte pas les animaux, l’élevage en batterie actuel est harãm.

Est-ce donc une utopie de créer une nouvelle économie, où le respect de soi, de l’autre et de l’environnement sont des éléments clés de notre futur ? On peut être le pays le plus riche au monde, le rester est important, mais ce qu’on fait de son argent l’est encore plus.