Une peintre algérienne. Dans le cadre de la présentation de l’art arabe moderne voici un talent qui a marqué son époque. En 1981, je l’ai découverte lors d’une visite que j’ai effectué à Alger et à Oran.
Une adolescence entourée des plus grands
Née en 1931, elle est orpheline des deux parents à 5 ans, elle est élevée par sa grand-mère. A l’âge de 10 elle rencontre Marguerite Caminas qui la prend chez elle et lui offre la possibilité de s’exprimer avec des crayons, et de la gouache. A l’âge de 16 ans Maeght qui passe par Alger découvre ses œuvres grâce à Jean Peyrissac. Maeght est séduit et la présente à Braque, Breton, Picasso. Vogue s’intéresse à elle, c’est un succès fulgurant.
Voila ce que André Breton, écrivait à son propos. « Le début d’un âge d’émancipation et de concorde, en rupture radicale avec le précédent et dont un des principaux leviers soit pour l’homme l’imprégnation systématique, toujours plus grande, de la nature.(…) Baya dont la mission est de recharger de sens ces beaux mots nostalgiques « l’Arabie heureuse .»
Un parti pris poétique
La force de Baya tient, je crois, (Med Médiène, écrivain et conférencier) dans son parti pris poétique qu’elle considère comme la raison d’être de son art et qu’elle n’a jamais renié. Même aux moments les plus crispés, ou les plus vides, quand les artistes algériens devaient se soumettre – tous heureusement n’y ont pas succombé – aux injonctions d’un discours officiel qui subordonnait le culturel au politique. Ce qui confère à sa peinture la place singulière qu’elle occupe aujourd’hui. En fait, l’œuvre de Baya s’est constituée selon une logique qui lui est propre et qui fait son unité. Il n’y a pas ce que l’on appelle des périodes dans l’itinéraire productif de Baya. Elle revient sans cesse sur les mêmes thèmes qu’elle développe dans des natures mortes (si incroyablement vivantes), des paysages ou des scènes avec personnages, qu’elle réalise essentiellement en utilisant la gouache sur papier
Dix ans de vie familiale et 6 enfants suspendent sa carrière officielle.
Sa famille et son tuteur décident qu’elle doit se marier. Elle entre alors dans une famille algérienne traditionnelle. Son mari, musicien, plus âgé qu’elle, a déjà une épouse et plusieurs enfants. Elle en mettra six au monde. Si pendant une dizaine d’années, Baya n’a guère le temps de tenir ses pinceaux, elle n’a pas pour autant rompu avec son monde merveilleux et coloré et il resurgit dans ses grandes gouaches des années 60.
A partir de 1963 elle participe à de nombreuses expositions
Elle participe à l’exposition des peintres algériens au Musée des Arts décoratifs de Paris. A ces thèmes habituels s’ajoutent les instruments de musique. Sa palette est somptueuse et ses œuvres ont acquis maturité et aisance, mais semblent avoir perdu en « extravagance ». Depuis lors et jusqu’à sa mort Baya n’a plus cessé de peindre. Par un froid début du mois de novembre 1998 Baya s’est discrètement éteinte, chez elle, à Blida. Elle avait 68 ans.
Sources d’informations
Première publication de l’article en août 2013
1 – Wikipédia, André Breton, dans Baya, Derrière le Miroir, Galerie Maeght, Paris, novembre 1947
2 –
3 – Biographie de Baya d’après Lucette Albaret